Le fantasme nucléaire, né de la confusion savamment entretenue par les écologistes entre nucléaire civil et bombe atomique, connait une deuxième jeunesse depuis l’accident de Fukushima. Ces derniers jours, deux sujets d’actualité démontrent une véritable tentative de désinformation sur la question.
Fessenheim : incident chimique mineur et procès de la « plus vieille centrale de France »
Mercredi 5 août, un accident industriel, comme il en arrive chaque jour dans des dizaines d’usines en France, intervient dans la centrale nucléaire de Fessenheim. Suite à un dégagement de vapeurs (non radioactives) à proximité du réacteur, deux employés du site sont victimes d’irritation au bout des doigts.
Mais à l’ère de l’information en continue, les organes de presse relaient dans un premier temps des informations catastrophistes et font état d’un incendie ayant provoqué des morts. Le temps que l’information ait été rectifiée, les politiques et les anti-nucléaires ont eu le temps de sauter sur l’information et d’instruire le procès de la « plus vieille centrale » de France.
Car la fermeture d’ici 2017 de la centrale de Fessenheim est l’une des rares questions sur lesquelles François Hollande n’ait pas (encore ?) envoyé les Verts aux roses. C’est donc l’occasion pour les écologistes d’enfoncer le clou, quitte à s’appuyer sur des informations erronées et à faire preuve de pas mal de mauvaise foi.
Car contrairement au raisonnement simpliste mené par les écologistes, la centrale de Fessenheim n’est pas moins sûre que les autres centrales du pays, ne connait pas plus d’incidents et n’a aucune raison statistique d’en connaitre plus (les pièces qui la composent ne sont d’ailleurs pas plus « vieilles » que dans les autres). La fermeture de Fessenheim serait avant tout symbolique pour la gauche.
En tout cas symbolique pour une certaine gauche, puisque la CFDT a publiquement regretté le « déferlement médiatique » suite à l’incident de Fessenheim et la « disproportion du temps accordé aux reportages sur Fessenheim au regard des quelques secondes accordées pour évoquer la mort de deux salariés à Gandrange ». Il faut dire que la centrale pèse 800 emplois !
Fukushima : la piscine de la peur
Du côté de Fukushima, un article de Vincent Jauvert du Nouvel Observateur, a ravivé la flamme du catastrophisme nucléaire. Selon lui, la piscine de refroidissement de la centrale accidentée ne serait plus protégée que par une bâche de plastique, laissant entendre qu’au moindre coup de vent, les 264 tonnes de matières radioactives qui y sont encore stockées pourraient générer une catastrophe « pire que Tchernobyl ».
Ni une, ni deux, tous les médias de France ont relayé sans vérification ces accusations gravissimes et le sujet a fait pendant plusieurs jours les gros titres de la presse.
Jusqu’à ce que Sylvestre Huet, journaliste scientifique de Libération, décide de faire seul son travail journalistique et de passer ces informations au filtre critique plutôt que de les ingérer sans réfléchir. Et là le constat change du tout au tout, au point que M. Huet parle de « désinformation ».
Son article, sans concession, reprend point par point les assertions de Vincent Jauvert pour les démonter preuves à l’appui. Un article passionnant et très technique à lire ici.