A la manière des judokas, qui font de leurs faiblesses des forces, Ségolène Royal et Valérie Trierweiler jouent des supposées discriminations dont elles seraient victimes pour s’exposer en victimes de la misogynie. Et tant pis si leur « story-telling » ne tient pas la route comme en l’atteste les atermoiements journalistiques de Valérie Trierweiler.
Discriminée. Valérie Trierweiler aurait été discriminée car, compagne du président de la République, certains mettraient en doute sa capacité à tenir une chronique dans Paris-Match et animer une émission sur Canal+. Ou comment le féministe est porté en étendard comme un passe-droits… à l’image de ce que faisait avant elle une certaine Ségolène Royal.
Revenons sur la jurisprudence Ségolène Royal, qui avait réussi à s’imposer comme candidate à la présidentielle de 2007 avec une stratégie indéboulonnable : si vous m’attaquez c’est par pure misogynie ! De nombreux éléphants socialistes s’étaient brisés les dents sur cette méthode d’acier.
Très jeune, déjà, Ségolène Royal avait expérimenté sa technique. Pour faire grimper sa côte de popularité, la ministre mitterrandienne avait inauguré, en France, la « peoplisation de la politique » (ou « trash politique », ou « politique réalité », ou « politique poubelle »…) démocratisée plus tard par Nicolas Sarkozy, en invitant les caméras de télévision à venir lui rendre visite au sein même de la maternité où elle venait d’accoucher.
Devançant les questions sur l’instrumentalisation de la naissance de sa petite fille, la jeune ministre avait expliqué qu’elle procédait à cette exhibition pour défendre la cause féministe. Il fallait oser, mais Ségolène l’a fait et ça a marché : aucun journaliste n’a osé courir le risque d’être traité de sexiste en dénonçant ce mélange de l’intimité et de la politique !
Quelques années plus tard, la Madone du Poitou se permettait, en pleine campagne présidentielle, d’impardonnables bourdes sur la « bravitude » ou la « justice chinoise » sur laquelle on devrait tous prendre exemple. Des couacs insurmontables pour un homme politique ? En tout cas pas pour une Ségolène Royal voyant le lobby misogyne à l’œuvre.
Le féminisme comme passe-droits. Un concept que Valérie Trierweiler semble avoir parfaitement intégré. En contournant les attaques et les critiques sur l’incompatibilité d’être à la fois journaliste et compagne de président, la Première concubine se positionne en victime. Et ça marche.
En criant sur tous les toits qu’elle veut continuer à travailler au nom même du féminisme, Valérie Trierweiler tente de désamorcer les critiques éthiques que sa double position devait immanquablement générer. « Une femme ne peut pas être une journaliste intègre ? Une femme est forcement trop faible pour se laisser influencer par son compagnon ? Si vous doutez de ma légitimité à cumuler un bureau à l’Elysée et un autre chez Match, vous êtes misogyne. »
Même stratagème avec l’affaire du tweet : ceux qui ont critiqué Valérie Trierweiler dans sa libre expression de femme moderne sont des phallocrates qui refusent aux femmes d’avoir des opinions et qui considèrent toute femme comme hystérique.
La messe est dite. Quand le féminisme est utilisé comme un passe-droit, tout devient possible !