Hier soir, se tenait le premier débat télévisé entre les deux candidats à la présidence américaine, Barack Obama et Mitt Romney. L’occasion de revenir sur le phénomène de la Obama-mania qui pétrifie toujours d’extase les salles de rédaction françaises. Pourquoi une telle côte de popularité pour un homme politique étranger ?
Jeune. Bel homme. Premier président noir des États-Unis. Le charisme de Barack Obama est évident et explique en partie la fascination qu’il exerce auprès des électeurs et des médias. Au point d’en perdre toute distance et de faire de la campagne US une hagiographie quotidienne du candidat démocrate ?
Assez paradoxalement, la passion des médias français pour Barack Obama est le miroir quasi-parfait de la détestation généralisée qui avait sanctionné les dernières années du sarkozysme dans les sphères journalistiques.
Les mêmes éditorialistes qui fustigeaient il y a peu encore l’instrumentalisation de sa vie privé par Nicolas Sarkozy, adulent la « First family », trouvent Michelle Obama « formidable » et en font l’incarnation de la femme moderne.
Les mêmes qui raillaient les meetings sarkozystes avec Dominique Farrugia, Faudel et Mireille Matthieu, s’extasient devant le soutien de Beyonce ou d’Eva Longoria dans les shows politiques du président américain. Tout ce qui était « ringard » et bling-bling chez Sarkozy devient « branché », « hype » et moderne chez Obama.
Plusieurs explication peuvent justifier cet aveuglement et cette différence de traitement de nos médias.
D’une part, Barack Obama est noir. Ce qui n’est pas tout à fait vrai puisque le président est en fait un métisse, mais qui suffit à ériger le président américain en porte-étendard d’un universel métissé. Un Noir président de la première puissance du monde, c’est tout un symbole. Un symbole de quoi ? Personne ne saurait le dire, mais tout le monde trouve ça formidable. Quelle serait les réactions si quelqu’un s’amusait à dire « c’est formidable qu’il soit élu car c’est un blanc, quel symbole ! » ?
Ensuite, Obama est Américain. Si les intellectuels parisiens méprisent la « sous-culture américaine », ils ne peuvent s’empêcher, dans leur grande incohérence, de vénérer ce pays, qui porte en lui tout ce qu’ils aiment et tout ce qu’ils détestent. Comme pour Oussama Ben Laden, leur antiaméricanisme primaire ne parvient pas à dissimuler le fait que tous leurs fantasmes et leurs désirs soient tournés vers l’Atlantique. Le rêve américain, qu’il haïssent, est ancré en eux.
La gauche français adopte une position morale, qui fait de ses adversaires politiques des représentants du Mal. Une aversion à leur égard est donc de rigueur. Même si les démocrates (la gauche américaine) sont grosso modo sur la même longueur d’onde idéologique que l’UMP, les Républicains symbolisent en revanche pour eux l’extrême-droite honnie.
De la même manière que certains ont pu croire en François Hollande car il représentait la chance de se débarrasser de Sarkozy, Obama est celui qui barre la route aux Républicains. Pour cela, nos journalistes ne peuvent que le soutenir.
Le cas Obama est symptomatique de la schizophrénie ambiante de notre élite médiatique, du snobisme à la française et de l’hypocrisie des « penseurs », qui adulent un jour ce qu’ils ont exécré la veille.