Remisant (pour un temps ?) les accusation d’homophobie qui s’abattent habituellement sur tout opposant au mariage homosexuel, Libération a changé de braquet dans sa lutte pour le progrès et contre l’obscurantisme anti-homo. Le journal du Bien pointe l’alliance objective qui s’est nouée entre tous les « réacs » de France et de Navarre.
Que le débat démocratique est doux quand il se fait sur le ton de l’invective et du déni des opinions contraires. Un exercice dans lequel Libération est devenu maître ès délégitimation pour tous ceux qui sortent de son credo progressiste. Un exercice de moralisation qui vaut bien les sermons des curés d’antan et autres directeurs de conscience.
Face à l’opposition grandissante et polymorphe au projet de légalisation du mariage homosexuel, l’anathème traditionnel de l’homophobie ne suffit plus à endiguer le péril rétrograde… et il fallait imaginer une autre appellation pour réduire une bonne fois pour toute une contestation dans laquelle se mêlent les voix de catholiques, musulmans, juifs, homosexuels, hétérosexuels, psychanalystes,…
Une Une barrée d’un immense « Réacs » en lettre rouge… Et le tour est joué ; et le débat tué dans l’oeuf. Les arguments de ceux qui s’opposent au mariage homosexuel ne sont pas légitimes car Libération perçoit derrière tout argument avancé les relents forcément rances de la tradition. Pas de place au débat puisque les anti mariage gay sont bourrés de « névroses ».
Une ligne politique résumée dans l’excellent édito de jeudi, signé François Sergent :
Les gays comme les hétéros ont le droit de vivre une vie de couple, d’en choisir les modalités, de l’union libre au mariage en passant par le pacs. Pour le meilleur et pour le pire. Et de connaître comme les hétéros les bonheurs et les malheurs de toutes les familles : d’avoir des enfants, d’en adopter ou de se déchirer. La famille reste l’un des marqueurs de nos sociétés et la reconnaissance, l’acceptation de l’homosexualité passent par le mariage.
Que les imprécateurs du mariage gay, grands défenseurs de la civilisation, apprennent la vertu première d’une société justement civilisée, la tolérance des différences.