Doit-on connaitre (et comprendre) les fondamentaux de l’économie avant de prendre sa plume pour dézinguer une politique fiscale ? Manifestement pas pour Audrey Pulvar qui, dans son éditorial hebdomadaire des Inrocks, se lance dans une analyse confondante de naïveté sur la-dite « révolte des pigeons ». Naïveté ou jeu d’équipe tant ses positions tendent à à se confondre avec celles de son compagnon de ministre ?
« It’s the economy, stupid ». C’est sur ce slogan empreint de bon sens et de pragmatisme que la gauche américaine avait repris le dessus idéologiquement sur les Républicains dans le sillage de la campagne de Bill Clinton en 1992. Une lucidité sur les enjeux économiques que bon nombre d’observateurs politique français dits de gauche (aka la quasi-totalité des journalistes) sont à mille lieues d’avoir, continuant à se référer aux vieilles lunes socialisantes des XIXe et XXe siècles.
Audrey Pulvar est incontestablement de ceux-là lorsque, dans son édito hebdomadaire intitulé #pigeonvole, elle se lance dans une attaque en règle contre les reniements libéraux du gouvernement (à l’exception, peut-on lire entre les lignes, d’Arnaud Montebourg) et « les lamentations de certains patrons ces derniers jours (qu’)on s’attendrait presque à les voir se griffer le visage et se rouler par terre de désespoir ».
Et la rédactrice en chef des Inrocks de se lancer dans un démontage en règle des dérives libérales de Bercy et, on l’aura deviné, de Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances… et accessoirement ennemi juré du chéri de la dame.
Le gouvernement serait “raciste” envers les entreprises ? Pourtant, de roucoulade en reculade, il s’est plutôt montré accommodant, non ?
Quelques jours plus tôt, c’était le psychodrame des volatiles. Jugez plutôt : 30 000 petits patrons – représentatifs, vraiment ? La France compte 2,5 millions de TPE et près de 700 000 artisans – se réunissent sur Twitter etFacebook, sous la bannière des “pigeons”. Ils grommellent, battent d’une aile, de l’autre, grattent un peu le sol et toc ! À peine ont-ils formé une escadrille que Bercy recule.
Une gauche pas assez à gauche. Et des patrons toujours aussi rapaces, capables de berner le gouvernement pour s’en mettre plein les poches au dépens de leurs salariés, « – ces profiteurs inconscients, parfois syndiqués – (qui) ne prennent aucun risque. Scandale ! » En creux, derrière cette pique ironique, on devine la conception manichéenne (doux euphémisme) des rapports sociaux selon Audrey Pulvar… et tout le mépris de classe qu’elle prête au petit patronat français. C’est Zola version start-up !
Et la journaliste, qui n’a pourtant rien d’une Cosette, de revenir sur sa haine indépassable des riches et des « multimillionaires ». « On se permet de (re)signaler que la réussite ne se mesure pas qu’à un compte en banque replet. Serge Haroche, prix Nobel de physique, est-il un raté ? » Une bonne gauche dans la face du consumérisme ambiant : non l’argent n’est pas l’étalon de la réussite… ni du bonheur, pourrait-on ajouter pour compléter les propos révolutionnaires de la chroniqueuse de D8, chaîne du groupe Canal +, propriété de Vivendi.
En guise de conclusion, Audrey Pulvar jette (en toute indépendance journalistique et avec la neutralité qu’exige sa déontologie) une pierre dans le jardin politique de son compagnon. Chacun appréciera :
On est un peu naïf, on ne verra aucune coïncidence entre cette love parade devant les entreprises les plus prospères et les gaz lacrymogènes jetés à la tête des salariés de Ford, Doux, Peugeot ou Arcelor, mobilisés pour défendre leur emploi.