Stéphane Gatignon, maire Europe Ecologie les verts (eelv) de Sevran, poursuit sa grève de la faim. Normal : rien n’est plus dur pour une vedette que de renoncer aux feux de la rampe. Surtout quand son chantage médiatique s’avère plus payant qu’une politique responsable et rigoureuse.
Afin d’obtenir les 5 millions d’euros qui lui manquent pour boucler le budget de sa commune, (l’une des plus pauvres de France), Stéphane Gatignon a choisi de planter sa tente devant l’Assemblée nationale et d’entamer une grève de la faim. Cette mise en scène est si payante que, bien que le Parlement ait entériné ce matin une augmentation de 50% de la dotation de solidarité urbaine (DSU), il n’entend pas en rester là.
Aux oubliettes, les manifs aux allures de kermesse, leur vacarme mégaphoné et leurs odeurs de merguez, le gauchiste s’engage désormais seul, et ne craignant aucun ridicule, menace de mourir d’inanition si on ne cède à ses caprices.
La méthode ne laisse personne indifférent. Manuel Valls et Cécile Duflot se sont rendus sur place afin d’assurer l’élu de leur soutien.
Surtout, les médias se régalent. Depuis quatre jours, interviews par centaine, miriade de caméras et de micro, les vendeurs de sensationnel relaient la sympathique action de l’élu et de sa diète revendicative.
Vatel s’est tué pour n’avoir pas servi assez de rôtis à Louis XIV. Faut-il craindre pour la vie de l’homme d’honneur qu’est Gatignon ? Non : « Ça gargouille un peu, mais ça va », déclare le chevalier braillard sans beurre et sans brioche.
+50% pour la DSU
Ce matin, l’Assemblée nationale a fait passer la dotation de solidarité urbaine, (mécanisme de péréquation par lequel les communes les plus riches viennent en aide aux communes les plus pauvres), de 50 à 75 millions d’euros.
Bizarre : soit la DSU était une priorité et cette rallonge aurait dû être prévue, soit la majorité a cédé au chantage d’un homme faisant mine de mettre sa vie en jeu.
Où sont les promesses de la majorité de légiférer non pas dans l’émotion mais en ne visant que la Justice.
Justice ? Le terme paraissait vague, on sait de mieux en mieux la définition qu’en donne les socialistes : procédé par quoi on récompense les trublions qui comptent sur un petit régime pour être pris au sérieux.
Mise en scène parfaitement réussi. Bel exemple de politique-spectacle récompensé.
Alors c’est dit, Gatignon continue. On le comprend puisqu’il est maintenant certain que la faim débloque de gros moyens.