Les Inrocks incitent leurs lecteurs à « niquer la France »

L’ancien hebdomadaire musical, reconverti depuis une quinzaine d’années dans le commentaire sociétal consensuel, augmente son quotient de rébellion institutionnalisée en relayant la pétition du collectif Devoir d’insolence. L’objet de cette pétition ? Soutenir deux personnes poursuivies par la justice pour une chanson populaire courtoisement appelée « Nique la France ».

Les paroles de la chanson incriminée ? Voici un petit extrait de cette élégie :

C’que j’en pense
De leur identité nationale
De leur Marianne, de leur drapeau
Et de leur hymne à 2 balles
J’vais pas t’faire un dessin
Ca risque d’être indécent
De voir comment j’me torche
Avec leur symbole écœurant

[…]

Et y’a nos intellos
Nos p’tits fachos à lunettes
Notre tête à claques,
Comme la conasse de Fourest
Qui propagent, alimentent,
La haine du musulman, du banlieusard
Avec leurs discours stigmatisants

Qui sont donc ces deux poètes maudits harcelés par la justice d’un État oppresseur ? Il s’agit du rappeur Saïdou du groupe Z.E.P (Zone d’expression populaire) et de Saïd Bouamama, membre de la Coordination communiste et fondateur des Indigènes de la République (PIR). Saïd Bouamama ne vous dit rien ? Vous connaissez sans doute plus Houria Bouteldja, l’atout charme médiatique du PIR. Saïd Bouamama est au PIR ce que Daniel Bensaïd est à la LCR.

Saïdou et Saïd Bouamama sont donc attaqués en justice pour « injures publiques envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une race ou une religion » par… (et c’est là que les Inrocks se doivent d’intervenir) l’AGRIF.

Qu’est-ce que l’AGRIF ? L’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne, une association proche de l’extrême-droite dont le président, Bernard Antony, vaguement bègue, anime toutes les semaines une émission sur Radio Courtoisie. Pour faire court : on a le droit à un procès entre l’extrême gauche et l’extrême droite. Ce n’est ni passionnant ni constructif.

Peu importe l’objet du procès. Chacun a le droit de porter plainte contre qui il veut. L’AGRIF comme le PIR. La liberté d’expression n’est pas du tout en danger. Ce qui est étrange, ce sont les arguments de défense avancés par le collectif Devoir d’insolence. Pour légitimer la « nique » faite à « la France et son passé », le comité de soutien à ZEP s’empresse de citer… des auteurs français… du passé ! Et non des moindres. André Breton, Léo Ferré, Aragon et Renaud.

Le cas d’André Breton est intéressant. N’est-ce pas ce bourgeois sous-dictateur du mouvement surréaliste, qui a exclu dudit groupe surréaliste les artistes les plus intéressants (Dali, Artaud, Eluard, Soupault), qui a obligé Aragon à brûler son premier roman et qui a poussé au suicide René Crevel ?

Se revendiquer d’André Breton ? En étant provocateur, on dira que c’est la seule raison qui donne envie de ne pas soutenir Saïdou et Saïd Bouamama. Niquez la France si vous voulez mais n’invitez pas André Breton à votre partouze verbale.

Ce qu’est le procès « Niquez la France » ? Un énième combat médiatique inutile… évidemment monté en épingle par les Inrocks. Clap clap.

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