Grâce à un glissement sémantique qu’on imagine innocent, le mariage homosexuel et devenu le « mariage pour tous ». Vraiment pour tous ? Se marier libre et sans entrave, le voilà l’idéal prôné depuis un demi-siècle par l’avant-garde libertaire française, héritière de Trimalcion, de Caligula et des matérialistes des Lumières comme d’Holbach. Homme libre, Patrick Besson ne manque pas de célébrer ce grand bond pour l’humanité.
L’amour est universel. Ce que ne manque pas de rappeler avec tendresse Patrick Besson dans « Les mariés de l’an 12 ». L’amour pour tous c’est en effet l’amour entre : un homme et un livre, une femme et un animal, un vivant et une actrice morte, entre deux frères, entre deux sœurs, entre un homme et une ville, un homme et un alcool, une mère et son fils, ou, enfin, un père et sa fille.
Tout cela dit sans ironie bien sûr. Chaque type d’amour est illustré d’exemples glorieux qu’on aime à citer en soirées mondaines ou dans un boudoir exotique, entre une discussion sur le journal intime de Gabriel Matzneff ou les péripéties de Dominique Strauss-Kahn au Carlton de Lille. Des plaisirs d’esthètes. Citons quelques extraits de la plume délicieuse de Patrick Besson.
Entre une femme et un animal. Beaucoup de femmes préfèrent leur chien ou leur chat à leur mari : je ne saurais trop leur conseiller de divorcer de leur conjoint et de se présenter devant le maire afin d’officialiser leur union avec un animal de compagnie.
Entre un vivant et une actrice morte. Je suis certain que beaucoup de mes amis cinéphiles n’auraient rien contre un mariage avec Françoise Dorléac, trop tôt disparue. Je m’engagerais volontiers avec Pascale Ogier, Catherine Jourdan, voire Dominique Laffin. Ou même Pauline Lafont.
Patrick Besson n’oublie évidemment pas le mariage avec un animal. il commence même par citer l’empereur Caligula qui avait épousé son cheval. Un progressiste bon à rappeler à l’heure où l’Allemagne, ce pays obscurantiste, s’apprête à interdire la zoophilie. On se souvient de cette fameuse séquence de « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander » de Woody Allen, dans laquelle un médecin tombe amoureux d’une brebis. Bouleversant.
A la lecture de cet article de Patrick Besson, on ne peut qu’espérer que les idéologues réactionnaires, les censeurs et, finalement, les fascistes en puissance, ouvrent enfin les yeux et fassent honneur à un des principes fondamentaux de notre pays qu’est la France : la liberté.