Les Algériens ont fini par avoir gain de cause. Le Président Abdelaziz Bouteflika a annoncé lundi renoncer à briguer un 5e mandat. Il a par la même occasion décidé du report de l’élection présidentielle et de l’organisation d’un referendum constitutionnel. C’est une première et grande victoire qui témoigne de la maturité politique du peuple algérien.
Le raïs se prépare une sortie honorable
Les Algériens ont fini par contraindre le Président Abdelaziz Bouteflika à renoncer à un cinquième mandat à la tête du pays. Lundi, le raïs a décidé de surseoir à son projet et de reporter l’élection présidentielle, le temps de se préparer une sortie honorable. Conformément à son programme électoral, Bouteflika a annoncé la mise en place d’une Conférence nationale, «inclusive et indépendante équitablement représentative de la société». Cette Conférence nationale a pour mission «l’élaboration et l’adoption de tous types de réformes devant constituer le socle du nouveau système que porte le lancement du processus de transformation de notre Etat-nation». Elle sera conduite par la «direction d’une instance présidentielle plurielle, avec à sa tête un président qui sera une personnalité nationale indépendante, consensuelle et expérimentée». Enfin, le président algérien s’est engagé à confier l’organisation du scrutin présidentiel à une commission électorale nationale indépendante. « Le mandat, la composition et le mode de fonctionnement seront codifiés dans un texte législatif spécifique qui s’inspirera des expériences et des pratiques «les mieux établies à l’échelle internationale» a indiqué le communiqué présidentiel.
La prudence d’Abdelaziz Bouteflika
Même si les promesses d’Abdelaziz Bouteflika ne sont pas des paroles d’évangile (du Coran), elles représentent au moins une première et belle victoire pour la rue. Ces décisions témoignent surtout d’une certaine clairvoyance du régime algérien. Le printemps arabe n’étant pas une vieille histoire, il fallait éviter par tous les moyens de braquer le peuple contre soi. Avec une radicalisation de la protestation, tous les démons nationaux pourraient resurgir. Pis, des mouvements islamistes ne se prieront pas de fissurer le mur et de s’approprier cette lutte. La Libye et la Syrie en savent quelque chose. D’ailleurs le Premier Ministre Ahmed Ouyahia a osé comparer les mobilisations en Algérie avec ce qui s’est passé en Syrie. Il en a eu pour son compte puisqu’il a été automatiquement viré par le président Bouteflika.
Le résultat de l’unité et du courage
Cette victoire est enfin le résultat de l’unité du peuple algérien et de son exceptionnelle mobilisation. Unité car cette contestation a vu des femmes voilées et non voilées marcher ensemble, des hommes et des femmes crier leur ras-le-bol en chœur. Cela n’était pas arrivé lors des évènements des années 90. Aussi, pour la première fois depuis 1962, les jeunes sont massivement sortis, bravant la peur d’une répression sauvage comme ce fut le cas en 2001 avec les manifestations kabyles.