Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks a été arrêté par les forces de l’ordre britanniques cette semaine, après avoir passé plusieurs années entre les murs de l’ambassade de l’Equateur à Londres. De nombreux gouvernements, celui des Etats Unis en tête, ont manifesté leur joie en apprenant la nouvelle. Certains médias ne se sont pas gênés pour tacler durement l’informaticien et cyber militant australien. Mais devrait-on vraiment se réjouir du sort d’Assange ?
WikiLeaks ou la démocratisation de l’information
Avec la naissance de WikiLeaks en 2006, le monde a eu droit à l’accès gratuit à des informations jusqu’ici classées Top Secret ou confidentielles. Les premières révélations du site ont fait l’effet d’un coup de massue sur la tête des Etats et des organisations parmi les plus fermées. WikiLeaks a commencé par dévoiler des documents de l’Église de Scientologie et de l’Unité de recherche sur le climat de l’Université d’East Anglia. Puis est entré dans le vif du sujet avec des dossiers explosifs sur l’armée américaine, notamment une vidéo explicite d’un hélicoptère Apache tuant des civils irakiens (sur laquelle la société locale Korek Telecom s’est interrogée) et deux journalistes de Reuters. Cette vidéo a été accompagnée de plus de 90 000 pages de notes de service militaires montrant le double jeu des Etats Unis en Afghanistan.
WikiLeaks, l’ennemi des Etats
Très vite WikiLeaks est devenu un média bien trop gênant pour les grandes puissances, soucieuses de garder la « masse » loin de leurs projets stratégiques. C’est ainsi qu’en 2017, le directeur du FBI, James Comey, a soutenu que WikiLeaks faisait dans le « porno du renseignement public ». Mike Pompeo, lui identifiera Julian Assange et WikiLeaks comme des ennemis de l’État. « Nous ne pouvons plus laisser à Assange et à ses collègues la latitude d’utiliser les valeurs de la liberté d’expression contre nous. Leur accorder la liberté de nous écraser en détournant des secrets est une perversion de ce que représente notre grande Constitution.», avait déclaré l’ancien directeur de la CIA. Dès lors, le sort de Julian Assange était scellé.
Le cas Julian Assange est un précédent inquiétant
Aujourd’hui, certains médias se réjouissent de son arrestation et d’autres observent un silence presque coupable. Or le cas Julian Assange devrait les interpeller sur le danger qui les guette. Rappelons que l’Australien est poursuivi depuis 2010 pour avoir publié des documents ayant fait l’objet de fuites, ce que font régulièrement les médias dont Mediapart en France. Sur cette base, les journalistes, les lanceurs d’alerte et d’autres sources ne sont pas à l’abri de représailles des Etats, au nom du droit de la dissimulation.
Quant à la population, souvent qualifiée de « masse » en opposition à l’élite dirigeante et sachante, elle peut commencer à regretter cette époque où l’on fait encore semblant de contrôler les gouvernements, grâce au 4e pouvoir.