Le réseau international de radiotélescopes (EHT) a dévoilé, mercredi 10 avril, la première photo d’un trou noir. Il s’agit d’une première dans le monde, alors qu’un siècle auparavant, les trous noirs n’avaient qu’une existence théorique.
Il s’agit de la première observation directe d’un trou noir, dévoilée mercredi 10 avril 2019, lors d’une conférence de presse par le réseau EHT. Le consortium de chercheurs a réussi à photographier, à l’aide d’un télescope nouvelle génération baptisé l’Event Horizon Télescope, le trou noir situé au cœur de la galaxie M87. Cet astre cosmique est situé à 55 millions d’années-lumière de la Terre, et sa masse équivaut à 6,5 milliards de fois celle de notre soleil !
Comment obtenir une photo d’un trou noir ?
Pour ce faire, les chercheurs ont mis en réseau 8 radiotélescopes disséminés aux quatre coins de la terre, et ce, dès 2006 ! L’objectif d’un tel projet était clair : réussir à capturer l’image d’un trou noir à l’aide d’un télescope virtuel géant. Il aura fallu 13 ans pour que cela aboutisse, et 2 ans pour rassembler les données afin de constituer la photo.
Les conditions atmosphériques pour un tel résultat doivent être optimales, limpides, afin d’éviter les vapeurs d’eau, qui nuisent à une bonne visibilité. Étant donné que, par définition, un trou noir est invisible (car il absorbe toutes matières autour de lui), et que rien ne peut y échapper, même la lumière, il faut réussir à capter son environnement, et plus particulièrement son ombre, afin de le distinguer.
Pourquoi ce rendu ?
Pour répondre à cette question, Roberto Neri, chercheur à l’IRAM (Institut de Radioastronomie Millimétrique), a accordé un entretien à Sciences et Avenir, magazine mensuel de vulgarisation scientifique, et explique qu’il « faut avoir à l’esprit les effets d’un champ gravitationnel intense sur la lumière, tel que prédits par les travaux d’Einstein. En effet, la gravité d’un objet massif dévie la lumière comme le ferait une lentille. C’est le cas à chaque fois qu’un astre massif se trouve sur la ligne de visée entre l’observateur et une étoile lointaine. La lumière de l’étoile est déviée et son image paraît déformée ».
Le chercheur ajoute que le prochain objectif de ce projet est de réussir à obtenir une résolution encore meilleure, pour une prochaine prise de vue d’un trou noir.