La Journée annuelle de commémoration de l’esclavage a eu lieu le vendredi 10 mai dans le jardin du Luxembourg, à Paris. Pour sa première participation, le président de la République a salué « l’honneur de la résistance face à « l’horreur de l’esclavage », tout en apportant son soutien à plusieurs initiatives françaises, dont la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.
Si en 2017, il n’avait pas encore été investi et en 2018 avait cédé sa place à son Premier ministre Edouard Philippe pour un rendez-vous urgent en Allemagne, Emmanuel Macron était bien présent cette année à la Journée annuelle de commémoration de l’esclavage. Dans le jardin du Luxembourg à Paris, en présence d’une dizaine d’invités triés sur le volet, le président de la République a salué « l’honneur de la résistance face à « l’horreur de l’esclavage », aboli depuis un siècle et demi.
Le discours d’Emmanuel Macron
« Je mesure ce que l’esclavage, la traite, les abolitions et leurs héritages, représentent dans notre pays, dans notre culture, dans notre âme. Cette Histoire est notre Histoire (…) La loi qui porte votre nom, chère Christiane Taubira, a reconnu la part tragique de cette Histoire et grâce à vous, la France a été le premier pays dans le monde à reconnaître avec autant d’honnêteté que la traite et l’esclavage constituent un crime contre l’Humanité (…) Face à l’horreur de l’esclavage, il y eut l’honneur de la résistance et le bonheur, enfin, de l’émancipation. C’est une Histoire française, une histoire universelle. 171 ans ont passé depuis l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Mais les conséquences de ce passé sont là, toujours là. Car son héritage aujourd’hui c’est la géographie de la France contemporaine, son identité d’archipel mondial (…) ce sont aussi des idées nouvelles, des rencontres inattendues, des imaginaires inédits, la négritude d’Aimé Césaire et Léopold Sedar Senghor, le syncrétisme de Jean-Michel Basquiat, la littérature puissante de Maryse Condé. C’est hier et aujourd’hui, là-bas comme ici, le métissage des cultures, la créolisation du monde. C’est tout cela la mémoire de l’esclavage », a-t-il déclaré.
Les plaies encore béantes d’une déshumanisation lucrative
Le discours du chef de l’Etat montre à quel point l’esclavage, cet épisode douloureux de l’histoire de l’Humanité, est encore présent, près de deux siècles après son abolition officielle. C’est qu’il a été tragique, autant que l’holocauste. L’esclavage a nié à une race entière son humanité, son existence même. Appelée traite atlantique, traite transatlantique, traite négrière ou encore commerce triangulaire, l’esclavage a eu lieu à travers l’océan Atlantique entre le XVe siècle le XIXe siècle. Des dizaines de milliers d’Africains ont été vendus comme de viles marchandises (on les échangeait avec des miroirs, de l’alcool, du tabac, etc. donnés aux chefs africains) souvent avec l’aide de certains empires opportunistes tels que l’empire Oyo (Yoruba), l’Empire Kong, l’Imamat du Fouta-Djalon, l’Imamat de Fouta-Toro, le Royaume de Koya, le Royaume de Khasso, le Royaume de Kaabu, la Confédération Fante, la Confédération Ashanti et le royaume de Dahomey.
Les esclaves noirs étaient transportés dans des bateaux appelés « négriers ». La plus part d’entre eux mourraient en mer Atlantique, ne supportant pas les conditions de détention dans les caves. On jetait alors leurs corps par-dessus bord. Une fois en Amérique, les propriétaires terriens s’adjugeaient les survivants, lors de ventes aux enchères. Dès lors, l’esclave n’avait plus de droits ; il était soumis au bon vouloir du maitre et parfois du contremaitre, généralement un individu noir, qui débordait de zèle afin de plaire au maitre blanc.
Une pratique qui avait déjà cours en Afrique à petite échelle
Si l’esclavage, tel qu’on le connait aujourd’hui, renvoie au commerce triangulaire (Afrique-Amérique-Europe), ce type de pratique existe depuis l’antiquité, notamment en Grèce et en Egypte, sous des formes plus « douces ». Avant l’arrivée des Européens, la traite humaine avait déjà lieu en Afrique, entre tribus et peuples. La plus part du temps, les esclaves étaient des prisonniers de guerre ou des individus donnés en « sacrifice » pour préserver la paix entre deux royaumes. Les descendants de ces individus étaient de facto des esclaves.