L’Amazonie serait-elle en grand danger sous Jair Bolsonaro? Selon l’Institut national de recherche spatiale (INPE) du Brésil, la déforestation en juillet y a été quasiment quatre fois supérieure au même mois de 2018. Les chiffres sur l’état de santé du poumon de la planète a poussé la Norvège et l’Allemagne, les deux principaux contributeurs du Fonds Amazonie, à suspendre leur aide jusqu’à nouvel ordre.
Jair Bolsonaro, un climato-sceptique ?
En Amazonie, la déforestation a quadruplé en juillet dernier par rapport au même mois en 2018. Selon les estimations fournies par l’Institut national de recherche spatiale (INPE), ce sont plus de 1 340 km² de forêt qui ont été détruits en juillet, à raison de trois terrains de football par minute. A titre de comparaison, la superficie disparue équivaut à l’agglomération londonienne. Aussi, depuis l’accession au pouvoir de Jair Bolsonaro, en janvier 2019, la déforestation en Amazonie s’est accélérée de 50%. Ces statistiques alarmantes ont coûté son poste au président de l’INPE, Ricardo Galvao. Il a été limogé, début août, par le chef d’Etat brésilien qui l’accuse de mentir et de nuire à l’image du pays.
Le président d’extrême droite brésilien mène une véritable politique anti-environnementale. Il encourage notamment l’exploitation des ressources naturelles dans les aires protégées et les réserves indigènes. Les intrusions provoquent des accrochages avec les tribus amazoniennes. Récemment, un chef local Waiapi a même été tué.
Au nom du développement économique du Brésil
Sous Jair Bolsonaro, l’administration brésilienne se montre désormais extrêmement indulgente avec ceux qui violent la loi en s’attaquant à l’Amazonie. Montréal Claudio Angelo, chercheur à l’Observatoire du climat à Brasilia révèle que « Jair Bolsonaro est en train d’abolir à peu près toutes les politiques environnementales instaurées depuis 1992. Il exerce de fortes pressions sur les agents fédéraux de protection de l’environnement, favorisant ainsi les auteurs d’atteintes à l’environnement. Le nombre d’amendes imposées de janvier à mai 2019 dans la région de l’Amazonie pour des méfaits environnementaux est le plus faible en 11 ans, et les opérations d’inspection réalisées cette année ont chuté de 70 % par rapport à l’an dernier ».
Jair Bolsonaro estime en fait que ne pas exploiter les terres indigènes constituerait une entrave à l’économie brésilienne. Il voudrait donc transformer l’Amazonie en une immense culture de soja. Plusieurs lobbies de l’agrobusiness brésilien, rôdant depuis longtemps dans la région, auraient même commencé à prospecter le nord de l’Amazonie.
Eviter que l’Amazonie connaisse le même sort que la forêt atlantique
Marie-Pierre Ledru, spécialiste de la zone et représentante de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) au Brésil, souligne que « Pour Jair Bolsonaro, la richesse du Brésil repose sur la culture industrielle ». C’est pourquoi, elle craint que l’Amazonie subisse le même sort que la forêt atlantique, dont il reste aujourd’hui moins de 10 % de sa superficie initiale, sur la côte est du Brésil à cause de l’agriculture intensive du cacaoyer et du caféier.
ONG, écologistes et experts de l’ONU tirent la sonnette d’alarme. Le plus grand bassin forestier tropical de la planète est en grand danger. Avec ses 5 500 000 km², c’est même le plus grand réservoir de biodiversité au monde. On y dénombre des centaines de milliers d’espèces de plantes, d’animaux, d’insectes. Sans compter celles qui n’ont pas encore été recensées. Environ 63 % de cette immense forêt s’étend sur le sol brésilien.