La nouvelle attaque terroriste intervenue vendredi 23 avril à Rambouillet sert de fuel à une certaine classe politique partisane d’une ligne dure en matière migratoire. Au point de faire naître un rapprochement tendancieux entre terrorisme et immigration en France.
La récurrence des attaques terroristes ces derniers temps sur le sol français serait-elle due au laisser-aller de l’État en matière de lutte contre l’immigration irrégulière ? Sans aucun doute, répondent plusieurs personnalités politiques. Depuis l’attaque meurtrière qui a pris pour cible un agent de police à Rambouillet, les critiques fusent de toute part. L’explication à ce genre d’acte devenu trop courant en France serait à chercher dans la politique migratoire du pays. C’est d’abord la présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, qui a allumé la mèche quelques heures à peine après l’attaque, sur Twitter, appelant les autorités à cesser la régularisation des sans-papiers. Valérie Pécresse abonde deux jours plus tard sur les antennes d’Europe 1, en invitant la France en collaboration avec ses voisins européens, à reprendre la souveraineté de ses frontières. La présidente de la région Île-de-France va plus loin et indique au gouvernement qu’il y a bien un lien indéniable entre terrorisme et immigration récente.
Depuis, le soufflet n’est pas retombé. Plusieurs élus de droite et d’extrême-droite ont embouché la même trompette. Interrogé dimanche à ce propos, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement a dénoncé un discours dangereux et clivant. Mais que disent les faits concernant la relation entre immigration et terrorisme ?
Un amalgame trop facile
La réponse est venue de Laurent Nuñez, coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme ce lundi sur France Inter. À l’en croire, 4/5 des attentats perpétrés en France depuis 2015 sont l’œuvre de ressortissants français. Un chiffre confirmé par la section Fact-checking du site d’information 20 Minutes. Selon ces derniers qui citent une étude publiée en 2018 par l’institut français des relations internationales (Ifri), sur des individus condamnés en France pour acte terroriste entre 2004 et 2017, 69% étaient des Français contre 9% seulement de nationalité étrangère. Des chiffres auxquels il faut ajouter 22% de binationaux.
Certes la proportion d’étrangers auteurs d’attentats terroristes en France va grandissant depuis 2020 selon Marc Hecker, spécialiste de l’étude. Mais est-ce suffisant pour étayer le lien de causalité entre l’immigration et le terrorisme que Marine Le Pen et les autres agitent depuis quelques jours ?