Une mère qui donne naissance à dix enfants à la fois. La performance a quelque chose de titanesque et d’attendrissant aux yeux des internautes du monde. Jusqu’à ce que l’on apprenne que tout cela a été en réalité cousu de fil blanc.
Les faits se déroulent en Afrique du Sud, précisément dans la province de Gauteng. Les populations de cette contrée ont la surprise d’apprendre début juin qu’une femme a donné naissance à des décuplés. Dix nouveau-nés en une fois. L’heureuse auteure de cette prouesse serait Gosiame Thamara Sithole, sud-africaine de 37 ans conjointe de Teboho Tsotetsi. Très vite, la nouvelle se répand telle une traînée de poudre à travers le monde. Les médias dont certains parmi les plus crédibles – BBC notamment – en font l’écho. D’autant qu’elle intervient quelques semaines seulement après l’accouchement au Maroc de neuf bébés par une jeune malienne. La nouvelle suscite par ailleurs un élan de solidarité mondiale manifestée par des dons d’argent au couple. Plus d’un million de rands ont ainsi été enregistrés.
Des bébés inexistants ?
Sauf que personne n’a encore vu de ses yeux les bébés en question. En dehors d’une photo de Sithole qui circule sur le net le ventre imposant, nul ne saurait dire si la dame a été enceinte récemment. Mais d’où vient alors cette histoire de décuplés ?
Tout est parti d’Independent Online (IOL), média appartenant au groupe Pretoria News dont l’un des dirigeants compte même parmi les généreux donateurs de Sithole. Le rédacteur en chef du groupe, Piet Rampedi, aurait été selon l’enquête déclenchée par les autorités de Gauteng suite à cette affaire, convaincu lors d’une interview en mai avec Gosiame Thamara Sithole et Teboho Tsotetsi que la femme attendait huit bébés. Quelques semaines plus tard, soit le 8 juin, le journaliste annonce la naissance non pas des octuplés, mais de dix bébés avec comme seule source la parole du mari. Il n’a aucune confirmation de l’hôpital universitaire Steve Biko (SBAH) où les enfants seraient prétendument nés.
Une dame en observation psychiatrique
Persuadé de son information, Pretoria News avait même accusé le personnel de SBAH de négligence lors de l’accouchement. Des accusations qui valent au média d’être depuis menacé d’une plainte judiciaire. Quant au couple, figure centrale de l’histoire, c’est leur brouille qui a semble-t-il révélé le pot-au-rose. Les deux conjoints s’accusaient mutuellement de vouloir tirer profit de ces bébés jusqu’ici introuvables. La femme disparue entre-temps a été placée dans un centre psychiatrique pour des observations.