Le parti d’extrême droite qui ne brille mieux que quand il s’agit de culpabiliser les autres pour les maux de la France, étale une fois de plus son insuffisante maîtrise du sujet migratoire. En témoignent les faux propos de son président par intérim sur le nombre d’étrangers accueillis chaque année dans l’hexagone.
Le sujet migratoire a toujours occupé une place de choix ces dernières années dans les thématiques liées au scrutin présidentiel. L’ex-Front national (FN) devenu Rassemblement national (RN) le sait et en joue à travers ses propositions aux Français. Sa présidente, Marine Le Pen, candidate à la prochaine présidentielle, revendique d’ailleurs une maîtrise de ce sujet pour son parti. Mais cela reste à démontrer, les principales figures du RN font régulièrement montre au mieux d’approximations, au pire d’une inculture notoire à propos de ce thème. Le président du parti par intérim Jordan Bardella vient d’en donner la preuve.
Invité sur la matinale de France Inter mardi 28 septembre, le député européen a indiqué que la France ne pouvait plus se permettre d’accueillir chaque année sur son territoire l’équivalent de la population de Lyon. La déclaration qui aurait pu passer pour une erreur, tant l’image est grossière, a été réaffirmée une seconde fois par l’intéressé au cours de la même émission.
Mensonge et amalgames
Mais il s’agit d’un mensonge démonté par la réalité des chiffres. Les plus récentes données du ministère de l’Intérieur français sur l’immigration indiquent en effet que 413 100 personnes tout au plus ont fait leur entrée sur le territoire légalement en 2019, y compris les demandes d’asile satisfaites. Sachant que la population lyonnaise était estimée en 2018 à 518 635 personnes par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), cela donne une différence de plus de 100 000 par rapport aux chiffres énoncés par Jordan Bardella avec conviction qui plus est.
Le responsable du RN se méprend par ailleurs sur le solde migratoire, une donnée importante de la réalité de l’immigration dans tout pays. Car pendant que la France accueillait de nouveaux arrivants sur son sol, une part non-négligeable de personnes déjà présentes dans l’hexagone faisait le chemin inverse. Ces dernières sont notamment estimées à 63 000 au total toujours par l’Insee en 2017 contre 261 000 personnes arrivées dans le pays la même année. Soit une différence de 198 000 au final, loin du chiffon rouge des étrangers envahisseurs que Bardella tente d’instiller dans l’opinion à l’image de toute la droite française par ailleurs.