L’île des Antilles françaises est dans une spirale de violence depuis bientôt deux semaines. Une situation aux multiples facteurs, dont la défiance à l’égard du vaccin anti-Covid.
Même si la situation est moins explosive que lors des jours précédents, la Guadeloupe reste en proie à la violence depuis le lundi 15 novembre et le déclenchement par un syndicat de soignants locaux, d’un mouvement de grève générale destiné à protester contre la suspension des agents de santé réfractaires à la vaccination. Soit 13% de l’effectif total selon les données officielles.
Ce chiffre est juste le côté visible de l’iceberg, puisque seulement 46% de la population guadeloupéenne avait eu recours au précieux sérum à la date du 16 novembre. En comparaison avec la Métropole qui revendique plus de 76% de vaccinés, l’écart est abyssal.
Mais comment comprendre une telle réticence à l’égard du vaccin ?
Infox
La première réponse tient des fake news, une réalité qui n’épargne finalement aucune société, à l’aune de cette crise sanitaire. Nombreux sont en effet les Guadeloupéens qui rechignent à se faire vacciner en raison de ce qu’ils auraient appris, dans les médias ou sur les réseaux sociaux, à propos du sérum. Des assertions sans preuve, mais pour lesquelles ils témoignent d’une foi inébranlable. À l’image de cette infox repérée par l’AFP et largement répandue sur Facebook selon laquelle le principal centre hospitalier du territoire d’outre-mer abriterait un nombre important de malades vaccinés dissimulés.
La mort fin juillet, de la star internationale Jacob Desvarieux, des suites du Covid malgré son statut vaccinal complet, n’a pas non plus arrangé la réputation du vaccin.
Manipulations ?
À ces fake news s’ajoute une défiance alimentée sur l’île par de vieilles blessures. C’est le cas notamment du scandale du chlordécone, du nom de ce pesticide longtemps utilisé en Guadeloupe et en Martinique notamment dans les bananeraies alors qu’il était interdit en France à cause de son caractère cancérigène entre autres. Sa responsabilité aujourd’hui avérée dans les cas de cancers sur le territoire ultra marin est l’objet de la colère de beaucoup de Guadeloupéens qui en veulent toujours à Paris. Alors quand ces autorités appellent à la vaccination depuis leurs bureaux cossus de la Métropole, le scepticisme est de mise sur place.
Ce lourd passif sert-il des intérêts inavoués contre le gouvernement français ? Rien n’est moins sûr. Mais le président Emmanuel Macron est en tout cas convaincu de cette réalité. Il a dénoncé, lundi 22 novembre, depuis Amiens, les mensonges et la manipulation de certains face à une situation explosive.