Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a récemment soutenu non sans minimiser le bruit des sondages que Marine Le Pen et autres avaient vu leur assise sur le paysage politique français restreint ces cinq dernières années. Les chiffres démontrent pourtant le contraire.
C’est devenu une habitude en France à l’approche de chaque échéance électorale. Tout le monde refuse d’assumer la responsabilité de la montée de l’extrême droite dans les sondages. Et c’est pour soutenir le combat des siens contre cette aile politique que Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a indiqué dimanche 9 janvier sur les ondes de BFMTV, que le Rassemblement national (RN) était en retrait ces cinq dernières années. Autrement dit, depuis l’avènement du régime du président Emmanuel Macron.
L’ancien conseiller municipal de Vanves en veut notamment pour preuve le peu d’élus récoltés par le parti de Marine Le Pen aux différents scrutins intervenus depuis 2017, comparé à sa moisson sous l’ancien chef de l’État, François Hollande. C’est-à-dire, les européennes, les régionales et les municipales entre autres. Il estime par ailleurs le nombre total d’élus RN gouvernants sous Macron à 30% de moins qu’à la fin du mandant de son prédécesseur.
Données à relativiser
Ces données sont bien confirmées par le croisement des scores du RN aux différentes élections considérées. Mais elles cachent mal une réalité : à savoir que l’extrême droite en général n’a jamais semblé aussi dominante au sein de l’opinion publique française. À preuve, Marine Le Pen, principale figure de proue de cette tendance politique, est aujourd’hui créditée de 43% des intentions de vote au second tour de la présidentielle d’avril prochain. Soit 10 points de plus qu’à la même période en 2017. Ces chiffres ajoutés à ceux des autres personnalités telles que : Éric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan, Florian Philippot ou encore François Asselineau, font exploser les estimations de l’extrême droite à un niveau jamais atteint, remarque François Kraus, responsable à l’institut de sondage Ifop, auprès de l’AFP.
Gabriel Attal feint par ailleurs de prendre en compte dans sa radioscopie de l’état du Rassemblement national, la nouvelle donne du parti à l’Assemblée nationale. Les députés RN ayant plus que doublé depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence. Sans compter que le parti a certes régressé en termes d’élus aux européennes de 2019, mais son réservoir de voix s’est élargi lors de ce même scrutin par rapport à cinq ans plus tôt. Même constat aux dernières régionales.
De quoi relativiser les effets présumés du combat du régime Macron contre l’extrême droite.