Le candidat communiste à la présidentielle a récemment établi, dans une de ses tirades contre le nucléaire, un faux parallèle entre la bombe A détenue par la France et sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
La France doit-elle son admission en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies à sa détention de l’arme atomique ? La réponse ne fait guère de doute pour Fabien Roussel. Le porte-étendard du Parti communiste français à la prochaine présidentielle a été on ne peut plus clair sur le sujet récemment. « Le choix de l’arme nucléaire (…) nous a permis d’être membre permanent du Conseil de sécurité« , a-t-il notamment déclaré, mardi 8 mars sur Cnews, réitérant son aversion pour cet atome dont les usages sont aussi multiples que les polémiques y afférent.
Entre pro et anti, les postions semblent en effet irréconciliables sur le nucléaire. Dans ce lot figurent des points de vue sans concession sur la nécessite de l’abandonner définitivement. À l’image de celui du candidat Roussel qui projette de « dénucléariser le monde » militairement parlant une fois à l’Élysée.
Puissance nucléaire
Un vaste chantier si l’on considère que le monde compte aujourd’hui des milliers d’ogives nucléaires. La France en l’occurrence en détiendrait 290, selon les estimations de la Federation of Americans Scientists. Ce qui en fait la quatrième force nucléaire au monde derrière la Russie, les États-Unis et la Chine. Mais bien loin du Royaume-Uni situé en cinquième position.
Outre leur capacité militaire nucléaire plus forte que celle du reste de la planète, ces pays ont en commun d’être des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Avec pour conséquence, un droit de veto sur les décisions de l’instance onusienne. Ce statut à l’ONU serait donc dû à cette artillerie nucléaire inégalée desdites nations, à en croire la croyance populaire.
Le règne des vainqueurs
Il n’en est pourtant rien, selon l’historicité de la naissance du Conseil de sécurité de l’ONU. Les cinq membres permanents de ce cercle restreint doivent leur statut moins à la détention de l’arme atomique qu’à leur victoire au terme de la Seconde Guerre mondiale, selon la chercheuse spécialiste des Nations unies, Alexandra Novosseloff, citée par l’AFP. Et l’adhésion de Paris à ce club en 1945 est antérieure à toute manœuvre nucléaire. Le pays n’ayant procédé à son premier essai nucléaire qu’en 1960, relève la même source.
Autant dire que Fabien Roussel se trompe comme beaucoup d’autres avant lui.