La ville, un des symboles de l’avancée russe sur le territoire ukrainien, est au cœur de multiples spéculations depuis une frappe aux contours mystérieux intervenue lundi 11 avril. Explications.
L’occident et les États-Unis avaient prévenu Vladimir Poutine d’une riposte conséquente en cas d’utilisation d’armes chimiques dans le conflit opposant l’armée russe à celle ukrainienne. Ce moment serait-il arrivé ?
Depuis lundi 11 avril au soir, Marioupol alimente des soupçons d’une attaque chimique perpétrée par les forces de Moscou contre la dernière poche de résistance dans cette ville industrielle désormais sous domination russe. Voici ce que l’on sait, ce que l’on ignore et ce dont il pourrait s’agir.
Alerte d’Azov
Tout est parti d’une alerte du régiment d’Azov, groupe militaire créé par des néonazis exécrés par Vladimir Poutine et sa cour, à travers l’application de messagerie Telegram, canal d’information incontournable à propos de la guerre. Le message fait état d’une « attaque aux substances d’origine inconnue », avec plusieurs conséquences sur les victimes, dont des troubles respiratoires.
Quelques heures plus tard, c’est le patron d’Azov, Andreï Biletsky, qui renchérit, toujours via Telegram, en évoquant des indices d’une « attaque chimique » sur les victimes. Ces dernières ne souffriraient toutefois pas de conséquences catastrophiques, selon le dirigeant quadragénaire.
De la confusion
Entre-temps, la nouvelle a rapidement fait le tour du monde, amplifiée par certains dirigeants occidentaux et la presse. Cette dernière se fondant sur une déclaration du chef des forces armées de la République populaire de Donetsk, Eduard Basurin, quelques heures plus tôt.
Problème, l’intéressé n’a jamais parlé d’une utilisation d’armes chimiques lors de son intervention concernant les difficultés opérationnelles des siens à s’emparer d’Azovstal. L’homme parlait plutôt de l’appui que pourraient fournir les « forces militaires chimiques », composantes de l’armée russe dont le rôle ne consiste pas forcément à mener des attaques chimiques.
Des symptômes flous
Restent les victimes présentées mardi 12 avril dans une nouvelle sortie d’Azov sur Telegram. Les symptômes cités dans la vidéo, allant des « rougeurs au visage » à « l’irritation de la gorge », bien qu’inquiétante, n’évoquent pas spécifiquement une attaque chimique, selon des experts consultés par Checknews, la branche désintox de Libération. D’autant que les victimes semblent pour la plupart à l’abri du danger.
Plusieurs hypothèses émergent dès lors, dont celle d’une frappe au gaz BZ ou benzilate de 3-quinuclidinyle à effet non létal. Il pourrait également s’agir, à en croire le chercheur Olivier Lepick, d’une substance chimique provenant d’un dépôt.