S’il a toujours été engagé, le Festival de Cannes a pris cette année une allure un peu trop politique avec le conflit ukrainien. Les organisateurs ont fait la part belle aux films liés à l’Ukraine, en plus d’avoir accordé une intervention en direct à Volodymyr Zelensky.
Zelensky évoque « Le Dictateur » de Charlie Chaplin
Le Festival de Cannes 2022 a levé le rideau le mardi 17 mai dans le Grand Théâtre Lumière du Palais des Festivals. Comme chaque année, depuis ses débuts en 1939, il a ouvert une lucarne sur l’actualité. Mais cette année, la politique a pris une dimension un peu exagérée. En effet, la guerre en Ukraine est omniprésente depuis le début. A l’ouverture, par exemple, la parole a été donnée en direct à Volodymyr Zelensky.
Dans un discours qui se voulait mémorable, le chef de l’État ukrainien a évoqué les massacres à Boutcha et le désastre de Marioupol, maintenant complètement tombée aux mains des Russes. L’ancien comédien a également parlé de l’œuvre burlesque « Le Dictateur » de Charlie Chaplin. Il a cité à plusieurs reprises le personnage de fiction britannique qui se moquait sans cesse d’Adolf Hitler et des nazis. Comme pour faire un parallèle avec Vladimir Poutine.
Des longs-métrages ukrainiens au menu
Outre la parole donnée à Volodymyr Zelensky, le Festival de Cannes a choisi de projeter deux films ukrainiens cette année. Il s’agit de « The Natural History of Destruction » de Sergei Loznitsa » et « Butterfly Vision » de Maksim Nakonechnyi. Présenté en séance spéciale, le premier long-métrage est un drame évoquant le massacre de la population civile et la destruction des villes allemandes par l’aviation alliée lors de la Seconde Guerre mondiale. Le second film traite du conflit dans le Donbass à travers Butterfly, une femme soldat qui doit se remettre de ses traumatismes après sa libération par l’ennemi. Elle découvre aussi qu’elle est enceinte de son geôlier qui l’a violée.
Un cinéaste russe dissident à Cannes
Le conflit ukrainien est en outre abordé dans « Mariupolis 2 », du réalisateur lituanien Mantas Kvedaravičius, décédé à Marioupol. Projeté jeudi en séance spéciale, ce documentaire inachevé sur la ville martyre dévoile des images inédites des combats sous les bombes russes. C’est la femme du réalisateur, Hanna Bilobrova, qui a rapporté ces vidéos après sa mort.
Toujours en rapport avec l’Ukraine, le Festival de Cannes a invité Kirill Serebrennikov et son film « La Femme de Tchaïkovski », alors que tous les cinéastes russes ont été boycottés. De fait, Kirill est un dissident au pouvoir de Vladimir Poutine…Son long métrage évoque la descente aux enfers sentimentale et sociale d’Antonina Miliukova. Cette jeune femme aisée et brillante se voit rejetée par un homme qu’elle aime, le compositeur Piotr Tchaïkovski.
Un hommage aux tirailleurs sénégalais
Si le conflit ukrainien obnubile les organisateurs du 75e Festival de Cannes, d’autres faits politiques ont réussi à se glisser dans le cahier de charges. C’est le cas du sort des Africains après la première guerre mondiale. Cette question s’incarne dans « Tirailleurs », une coproduction franco-sénégalaise réalisée par Mathieu Vadepied. Présenté pour la première fois au public au Festival de Cannes, ce film raconte Verdun en 1917 vu par un tirailleur sénégalais, Bakary Diallo.
Ce père se fait enrôler dans l’armée française pour retrouver son fils Thierno, recruté de force. Les deux hommes vont se rencontrer au « pays des blancs » où ils vont devoir faire face à la guerre dans les tranchées. Ce long métrage est projeté à Cannes au moment où le massacre de Thiaroye en 1944 resurgit dans l’actualité.