Depuis plusieurs mois, une lutte d’influence se joue en Afrique entre la Russie et les pays occidentaux. Moscou essaie de faire son nid sur la carcasse de la Françafrique. Quand Paris veut renouveler sa relation avec le continent, aidé en cela par Washington. Une situation qui fait penser au retour de la guerre froide.
Wagner, en mission pour Moscou
Alors que tout le monde clamait son désintérêt pour l’Afrique, ces dernières années, le continent est redevenu en l’espace de quelques mois le terrain d’une nouvelle lutte d’influence entre les grandes puissances. Au moindre soubressaut, la Russie a fondu sur l’Afrique comme un rapace pour se délecter de la pourriture de la Françafrique. Fidèle à ses habitudes, elle a mis en avant l’aide militaire via la compagnie de mercenaires Wagner.
La Russie de plus en plus active
Cette milice a remplacé au pied levé les forces françaises Sangaris et Barkhane, respectivement en Centrafrique et au Mali, des Etats où le sentiment anti-français est très vivace. Elle n’a pas pour autant fait évoluer la situation sécuritaire. Ce qui ne l’empêche pas de lorgner sur le Burkina Faso, terre autoproclamée du panafricanisme…au bon souvenir de Thomas Sankara.
Le pays de Vladmiri Poutine compte bien faire son nid en Afrique. Et il se donne tous les moyens. Il a ouvert un bureau de politologues, d’activistes et de propagandistes pour « vendre » son image. Mais aussi et surtout pour contribuer à la déstabilisation ou à l’affaiblissement des derniers alliés de l’Occident en Afrique de l’ouest. On pense à Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire et Mohamed Bazoum du Niger.
Une visite ratée pour Macron en Afrique
Moscou mise également sur la diplomatie (officielle). Ainsi, Sergueï Lavrov a récemment mené une tournée africaine. Le ministre russe des Affaires étrangères s’est rendu en Egypte, en Angola, en Afrique du Sud, en Eswatini, en Somalie, en Erythrée et surtout au Mali. Face à une telle offensive, l’Occident s’organise dans la panique. En particulier la particulier, qui est en train de perdre son pré-carré.
Emmanuel Macron, en personne, a pris la tête de la contre-offensive. Le président français a effectué un voyage en Afrique du 1er au 5 mars dernier. Ce périple l’a conduit au Gabon, en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo (RDC) où des manifestations ont eu lieu contre sa venue. Le patron de l’Elysée n’a pas pu convaincre grand monde. Il a plutôt prêté le flanc à ses opposants en France, après une soirée bien arrosée à Kinshasa…
Paris doit enfin changer sa politique africaine
Plus personne ne croit en Paris. Et il y a de quoi. Jacques Chirac, François Hollande et Nicolas Sarkozy avaient déjà tenté le coup du changement. Mais l’obscur Françafrique a bon dos. La politique africaine de la France n’a pas du tout évolué malgré les belles paroles du nouveau venu. On retrouve encore ce paternalisme, cet interventionnisme intéressé et ce soutien aux dictatures du continent. Par sa propre attitude donc, l’Elysée pousse les pays africains dans la gueule de l’ours du Kremlin, qui craint davantage Washington.
En bon allié de l’OTAN, les Etats essaient évidemment de venir en aide à la France, tout en plaçant leurs propres pions sur l’échiquier africain. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est notamment rendu en Éthiopie et au Niger cette semaine pour endiguer les manœuvres russes. Kamala Harris va prendre sa suite. La vice-présidente américaine doit effectuer son premier périple africain au Ghana du 26 au 29 mars. Puis elle se rendra en Tanzanie du 29 au 31 mars et en Zambie du 31 mars au 1er avril.
La Chine comme un sous-marin
Toutes ces tentatives de séduction sont peut-être tardives. Il ne s’agit plus de proposer une meilleure offre que la Russie. Mais de revoir en profondeur sa politique en Afrique. Un continent qui a beaucoup mûri depuis les indépendances. Cette Afrique nouvelle ne supporte plus l’infantilisation et les leçons de démocratie à tout vent. Sa jeunesse en particulier ne veut plus des relations de type colonial. La Chine l’a bien compris, elle qui se contente de parler de faire son business en silence. La Turquie aussi s’infiltre sans bruits sur le continent. De quoi faire de l’Afrique, le nouveau terrain de la guerre entre les grandes puissances. Comme au temps de la guerre froide. Mais cette fois il s’agit davantage d’une lutte politicio-économique qu’idéologique.