Le 14 septembre dernier, la BCE a porté ses taux directeurs à 4%, son plus haut niveau historique. Ce relèvement, le dixième de suite, vise à juguler durablement l’inflation afin d’éviter une récession globale dans la zone euro. Quoi que douloureuse, cette stratégie haussière est saluée par une grande partie des économistes.
Dans la zone euro, le ciel s’éclaircit sur le front de l’inflation après des mois de grisaille. En effet, la hausse des prix s’est élevée à 5,9% en août, contre 6,1% en juillet, d’après des chiffres d’Eurostat. Elle ralentit pour le troisième mois de suite. Par rapport à octobre 2022, période marquée par la hausse des prix de l’énergie, la hausse totale a même été divisée par deux.
Un taux d’inflation toujours plus élevé que la norme
Si la progression de l’inflation marque le pas, elle reste cependant supérieure aux objectifs de la Commission européenne, qui table sur un taux annuel de 2,9% en 2024, et aux attentes à moyen terme de la Banque centrale européenne (BCE), c’est-à-dire 2%. Les économistes européens craignent que le taux actuel ne provoque un déséquilibre économique dans l’UE.
Déjà, les institutions financières prévoient une légère croissance de 0,7 % cette année, contre 3,6 % en 2022, si l’inflation se maintient au plus haut. En cause, une augmentation plus forte des salaires pour compenser les dégâts d’une flambée des prix, la pénurie de main-d’œuvre et la hausse des coûts de fonctionnement dans l’industrie en raison du bond des cours de l’énergie.
Nouvelle hausse du taux directeur par la BCE
Ce contexte inflationniste permanent met déjà en difficulté certaines économies. En particulier l’Allemagne, locomotive de l’UE, qui a vu son PIB reculer de 0,3% de janvier à mars 2023. Redoutant une inflation générale en zone euro, la BCE a décidé de resserrer davantage sa politique monétaire. Le 14 septembre dernier, pour la dixième fois consécutive, elle a porté à 4% son taux d’intérêt de référence, son plus haut niveau depuis 1999.
Ce nouveau relèvement est d’autant surprenant que certains gouverneurs de banque, comme celui de la Banque de France (BdF), avaient assuré d’un maintien du taux. La BCE explique que cette pondération contribuera « fortement au retour au plus tôt de l’inflation au niveau de l’objectif ».
Didier Maurin craint un risque de ralentissement de la croissance économique
Certaines voix alertent toutefois sur des conséquences néfastes pour la croissance de la zone euro. Didier Maurin explique par exemple que la hausse des taux d’intérêt peut être plus dangereuse que l’inflation en tant que telle.
Le dirigeant du cabinet DCT (anciennement nommé Didier Maurin Finance, DMF) craint un ralentissement de la croissance économique entraînant, in fine, une récession dramatique à l’échelle mondiale.
Mais l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) répond que la hausse des taux d’intérêt est nécessaire, même si elle sera « douloureuse ».
Pas de récession en vue pour la France
L’OCDE prévoit également un ralentissement de la croissance économique en zone euro. Mais, pour la France, elle relève désormais à 1% sa prévision de croissance pour cette année, contre 0,8% auparavant. L’Hexagone devrait ainsi tirer son épingle du jeu, comme l’a relevé la semaine dernière le gouverneur de la Banque de France (BdF). François Villeroy de Galhau, qui avait assuré qu’il n’y aura pas de nouveaux relèvements de taux directeurs, écarte un risque de récession en France.