Dans un rapport publié lundi, Oxfam accuse le FMI et la Banque mondiale d’accentuer les inégalités dans le monde par leurs actions contradictoires. Plus de 60% des pays actuellement sous leur programme d’aide auraient régressé au niveau des revenus.
Alors qu’elles sont censées aider les Etats en voie de développement à réduire leur taux de pauvreté, le Fonds monétaire internationale (FMI) et la Banque mondiale (BM) ne feraient qu’aggraver leur situation. C’est ce qu’affirme l’ONG Oxfam dans un rapport de 42 pages publié le lundi 15 avril 2024.
Oxfam constate une forte hausse des inégalités dans une quarantaine de pays
En effet, 64 des 106 pays actuellement sous le programme d’aide de ces institutions financières internationales (IFI) ont vu leurs inégalités augmenter sensiblement. Le niveau de niveau a particulièrement enregistré un écart dans une quarantaine de pays, dont le Ghana, le Honduras et le Mozambique. Pour Oxfam, il est évident que les deux organismes internationaux ne jouent pas pleinement leur rôle.
Le FMI contraint ces pays à couper dans les dépenses essentielles
Selon l’ONG, « le FMI et la BM présentent la lutte contre les inégalités comme une priorité mais soutiennent dans le même temps des politiques qui l’augmentent ». Par exemple, ils pousseraient les pays bénéficiant de leur soutien financier à diminuer leur dette, en coupant dans leurs dépenses essentielles (santé, éducation ou transports). Ce qui provoque malheureusement la hausse des inégalités économiques.
Oxfam appelle à dessérer l’eau des prêts
« Ce haut niveau d’hypocrisie doit cesser », martèle Oxfam, qui salue tout de même l’accord signé par la Banque mondiale pour réduire les inégalités. Mais l’organisation exhorte l’institution financière à se montrer plus concrète en œuvrant pour dégager les pays pauvres de l’emprise des prêts. De fait, l’augmentation de la dette publique, causée des taux d’intérêts plus élevés, réduit considérablement la capacité des Etats aidés à financer correctement les services de base pour réduire les inégalités.
Les Etats se sont fortement endettés à cause de la pandémie et de l’inflation
Ces dernières années, les Etats soutenus par le FMI et la Banque mondiale ont dû s’endetter pour remettre à flots leurs économies plombées par divers chocs et facteurs (pandémie du Covid-19, inflation mondiale, guerre en Ukraine, etc.). Ce choix a eu pour conséquence d’augmenter significativement le service de la dette et de multiplier les défauts de paiement.
Des créanciers pas du tout transparents
Conscients de la réalité mise au jour par Oxfam, le FMI et la Banque mondiale planchent sur leur mécanisme d’aide aux pays en développement lors de leurs réunions annuelles qui se dérouleront toute la semaine à Washington. Ils épluchent en particulier la crise de la dette de certains pays africains. Mais la difficulté sera de convaincre les créditeurs, comme la Chine, à assouplir leur politique de prêts et à la rendre transparente.