Une rumeur prétendant que le Sénégal aurait abandonné le français comme langue officielle au bénéfice de l’arabe, inonde la toile depuis quelques semaines. À l’origine de cette fausse information : l’annonce par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, de la création d’un bureau des Affaires religieuses dans ce pays à plus de 90% musulman.
Le Sénégal serait-il devenu arabophone ? Cela en a tout l’air à en croire une multitude de publications sur internet ces dernières semaines. Sur les réseaux sociaux notamment, l’histoire fait l’objet d’un partage massif.
De la Mauritanie au Kenya en passant par des plateformes affiliées au Moyen-Orient, une seule et même rumeur est brandie comme une information d’envergure : « Le Sénégal adopte l’arabe comme langue officielle en remplacement du français ».
Plusieurs journalistes locaux disent même avoir été approchés par des confrères des pays voisins afin de confirmer « l’information », comme en a témoigné Abdou Kh. Cissé, le 30 avril dernier sur X (anciennement appelé Twitter).
Une direction des Affaires religieuses
« Je viens d’être contacté par une journaliste de Radio Algérie pour vérifier la même ‘information’. Visiblement, la supposée adoption de l’arabe comme langue officielle remplaçant le français a fait le tour du monde », s’est étonné le journaliste d’Apanews, spécialiste des mouvements jihadistes.
Il n’en est rien pourtant, car le français hérité de la période coloniale reste la langue de travail du Sénégal. Aucune annonce de ce genre n’a d’ailleurs été faite par les autorités. Mieux, la présidence de la République a indiqué à l’AFP que « la langue officielle du pays n’a pas changé ».
D’où vient donc cette rumeur tenace et plutôt surprenante du point de vue du Sénégal ? La réponse remonte au 17 avril 2024. Ce jour-là, le chef de l’État nouvellement élu, Bassirou Diomaye Faye, annonce en Conseil des ministres, la création d’une Direction des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés de l’enseignement arabe.
Lien fort avec l’arabe
L’organe rattaché à la présidence et comprenant le Bureau des affaires religieuses et le Bureau de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe vise, selon le président, à mieux appréhender les bénéficiaires de l’enseignant de cette langue très prégnante dans le pays.
Notamment dans les « daaras » (écoles coraniques). Le nombre d’enseignants arabes au Sénégal serait d’ailleurs de l’ordre de plus de 15 000 en tenant compte de l’élémentaire et du moyen-secondaire, selon Ousmane Ba, chef de la division de l’enseignement arabe, cité par le doctorant en études arabes et islamiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Serigne Mbaye Dramé.
Reste que la perspective de l’avènement de cette direction des Affaires religieuses n’enchante guère tout le monde au Sénégal. D’aucun dénonçant une violation du caractère laïc de la République.