Une fake news à la fois grotesque et révélatrice de la bérézina en cours au sein des Républicains prétend que la présidente du Conseil régional d’Île-de-France aurait giflé son camarade et président honni du parti.
Valérie Pécresse a-t-elle giflé Eric Ciotti ? Pour un certain nombre d’utilisateurs de Twitter, cela ne fait aucun doute. Et pour cause, la rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre depuis son apparition, mercredi 12 juin 2024, sur le réseau social rebaptisé X.
Ce jour-là, à 20h05 très exactement heure française, le twitto nommé « LeMajor Kbk » – sans doute un pseudonyme – publie : « Je suis choqué. Je viens de voir Éric Ciotti se faire gifler par Valérie Pécresse… J’en reviens pas », suscitant une réaction quasi instantanée.
Une réaction au-delà de ses 400 abonnés, puisque le tweet a depuis été vu plus d’un million de fois. « Bah, on a entendu du bruit en passant et on est venu au moment où ça s’est passé… Une claque, ça va tellement vite qu’on a pas du tout eu le temps de filmer », a répondu l’intéressé à un twitto lui demandant une vidéo de la scène en guise preuve.
Un contexte favorable
Le tweet a semblé d’autant plus crédible que d’autres twittos l’ont confirmé. Il faut dire que le contexte s’y prêtait. Décrié suite à la conclusion d’un accord avec le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen en vue des prochaines élections législatives, Eric Ciotti est sans doute un des hommes les plus clivants de France en ce moment.
Notamment auprès de ses camarades du parti Les Républicains (LR) auteurs de son exclusion mercredi. Une gifle de la part d’un de ses détracteurs serait donc tout à fait plausible au regard du climat au sein de la formation gaulliste.
Reste qu’une telle scène n’a jamais eu lieu, comme l’a reconnu plus tard l’auteur du tweet devenu viral, dans les colonnes de la section consacrée au fact-checking du journal Libération.
Un révélateur de certains biais
« J’avais pour but de donner un retour de bâton à la droite et à l’extrême droite. Ces courants ayant participé à la diffamation autour de la question de l’antisémitisme au sein de LFI. Le procédé est d’une certaine manière similaire au mien », avoue LeMajor Kbk sur Twitter.
Si l’anecdote de la gifle prête à sourire, ce faux buzz interroge sur la crédulité de l’humain face aux informations confortant ses préjugés. Nombreux voudraient en effet y voir la confirmation des tensions déjà palpables au sein de la droite.