Discret jusque-là sur l’affaire de racisme concernant son joueur Enzo Fernandez, Chelsea s’est enfin prononcé officiellement cette semaine par l’intermédiaire de son coach Enzo Maresca. Le manager italien a affirmé qu’il fallait passer à autre chose du moment que le milieu de terrain argentin s’est excusé et que le club a fait de même…
Quand un Enzo en excuse un autre. Près de deux semaines après la gaffe de son joueur Enzo Fernandez, Chelsea prend enfin officiellement la parole pour se prononcer sur cette affaire de racisme. Le club londonien a communiqué par l’intermédiaire de son nouvel entraîneur Enzo Maresca. Le manager italien a estimé qu’il n’y a plus rien « à ajouter à cette situation (…) à partir du moment où le joueur a fait une déclaration pour s’excuser et que le club a fait de même ».
« Ils jouent en France mais ils viennent tous d’Angola »
Pour rappel, au soir de la victoire de l’Argentine en finale de la Copa America contre la Colombie, le dimanche 14 juillet, Enzo Fernandez et ses coéquipiers ont entonné un chant aux airs racistes et homophobes contre l’équipe de France. Les paroles de cette chanson sont les suivantes : « Ecoutez, faites circuler. Ils jouent en France mais ils viennent tous d’Angola. C’est bien qu’ils courent, ils sont comme des travelos, comme la salope de Mbappé. Sa vieille est nigériane, son vieux camerounais, mais sur ses papiers, il est de nationalité française ».
Enzo Fernandez a le seum et la peur des Bleus
Cette chanson est une version internationale d’un autre chant de supporters du Club Atlético Nueva Chicago contre leurs rivaux du Club Atlético Almirante Brown. Elle fait appel à l’homophobie, à la violence de genre et au racisme. Les fans argentins l’avaient déjà entonné lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar, remportée par l’Albiceleste contre la France à l’issue d’un match fou. Pour beaucoup, cet air transpire le seum et la peur des Bleus, l’une des équipes les plus solides de ces dernières années.
En Argentine, la minorité noire invisible
Mais il y a bien plus que ça. Il y a le racisme putride des Argentins envers les personnes de couleur. Rappelons à juste propos que l’Argentine est le seul pays d’Amérique latine à invisibiliser les noirs. Les Afro-Argentins ont quasiment été victimes d’un nettoyage ethnique entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Sous Domingo F. Sarmiento en particulier, entre 1868 et 1874, la population de noirs a drastiquement baissé. Ouvertement raciste, ce président a mis en avant les soldats de couleur dans la guerre de la Triple alliance pour réduire leur nombre.
Les Argentins blancs comme Enzo Fernandez, des immigrés européens
L’Argentine a également favorisé l’immigration des Européens (Italiens, Allemands, Anglais, Juifs, Français, etc.) pour noyer cette population dont elle ne voulait pas. Alors qu’ils représentaient jusqu’à 30% des habitants de Buenos Aires dans les siècles passés, les noirs ne dépassent pas aujourd’hui les 1%, bien que 4 % d’Argentins se déclarent « afro-descendants » (environ deux millions de personnes). Et, bizarrement, on ne voit jamais un joueur noir porter la tunique de l’Albiceste depuis Alejandro de los Santos au début du XXe siècle. Héctor Baley étant métis, voire un peu blanc.
Enzo Fernandez jure que cette vidéo ne reflète pas ses convictions et son caractère
Suite au tollé provoqué par ses propos racistes, Enzo Fernandez a publié un message d’excuses sur son compte Instagram le mardi 16 juillet. Il a dit s’excuser « sincèrement » et a reconnu que sa « chanson contient un langage très offensant ». Il a ajouté qu’il est contre les discriminations sous toutes leurs formes. « Cette vidéo, ce moment, ces mots ne reflètent ni mes convictions ni mon caractère » a assuré le joueur argentin. Et maintenant son coach – tiens, un italien – dit que c’est suffisant pour tourner la page.
Trop facile d’offenser et s’excuser après
Sauf que ce n’est pas la première fois, mais la deuxième que le milieu de terrain de Chelsea et ses coéquipiers entonnent cette chanson polémique. Il ne s’agit donc pas d’une erreur, mais d’un acte mûrement réfléchi. D’ailleurs, un raciste ne se découvre pas en un seul jour. C’est malheureux qu’il soit aujourd’hui devenu banale d’offenser pour venir après s’excuser. C’est quoi la prochaine étape ? Frapper un arbitre et s’excuser ? Tant qu’il n’y a pas de sanctions exemplaires, ce genre de comportement continuera à prospérer dans le football, un sport confronté au racisme depuis sa naissance.