L’Église anglicane a présenté de nouvelles excuses ce mardi 13 août pour sa gestion du cas d’un prêtre du nord-ouest de l’Angleterre soupçonné pédophilie ces dernières années. Elle dit être profondément désolée de n’avoir pas apporté son soutien aux victimes et d’avoir cherché à protéger en priorité le clergé.
Accusée depuis plusieurs années d’inaction face à la pédophilie au sein du clergé, l’Église anglicane a présenté ses excuses ce mardi 13 août 2024 pour n’avoir pas su gérer, comme il le fallait, le cas Andrew Hindley. Cet ancien prêtre de Blackburn (nord-ouest de l’Angleterre) a été soupçonné de pédophile à plusieurs reprises, entre 1991 et 2021, mais est toujours resté en poste.
L’Église anglicane se dit sincèrement désolée
« Nous sommes sincèrement désolés que des survivants n’aient pas reçu le soutien nécessaire de l’Église », ont déploré dans un communiqué les archevêques de Canterbury Justin Welby et de York Steven Cottrell, les deux plus hauts dignitaires de cette église. Ils déclarent être « absolument convaincus qu’il n’y a pas de place dans le clergé pour ceux qui constituent un risque pour les autres ».
Le prêtre de Blackburn Andrew Hindley avait fait l’objet de cinq enquêtes de police en 1991 et 2018, dont deux pour agressions sexuelles sur des mineurs, mais aucune n’avait abouti à des poursuites. Malgré les accusations et une offre de 240 000 livres sterling (environ 280 000 €) pour partir, l’homme est resté en poste comme pour prouver son innocence.
De l’argent remis au prête Hindley pour mettre fin à une action lancée en justice
Pourtant, l’Eglise anglicane a mené plusieurs évaluations dans les années 2000 et avaient conclu à des risques réels de pédophilie de la part d’Andrew Hindley. Elle a même dû lui imposer des restrictions à ses activités, mais n’a pratiquement jamais contrôlé le respect de ces mesures. Une légèreté que beaucoup critiquent aujourd’hui. Le comble, l’institution avoue avoir versé les 240 000 livres pour mettre fin à une action lancée en justice par le prêtre à la suite de sa mise en retrait décidée en 2021.
Un rapport indépendant dénonce une culture de l’impunité au sein de L’Église anglicane
Ce mardi, l’Eglise d’Angleterre a évoqué la « complexité » de l’affaire concernant cet ancien curé, qui clame son innocence et se dit victime d’homophobie et de vengeances personnelles. Toutefois, elle assure « continuer à travailler pour renforcer ses procédures » afin de mieux traiter de telles affaires à l’avenir. Cet engagement pris en octobre 2022 faisait suite à la publication d’un rapport indépendant dénonçant une « culture » de l’impunité au sein de l’institution.
Cette enquête indépendante, fruit d’investigations en Angleterre et au pays de Galles, pointe d’importants manquements des Églises anglicane et catholique dans la gestion des affaires d’abus sexuels. Elle les accuse de protéger le clergé au détriment des victimes, et ainsi d’entraver l’éclatement de la vérité et de la justice. Le rapport préconisé la levée du secret de la confession ainsi que l’obligation légale de dénoncer les faits quel que soit le statut du bourreau.
L’Église anglicane dit regretter ses fautes passées
Selon cette enquête, plus de 3 000 plaintes ont été déposées contre l’Église catholique durant ces trente dernières années. Ces affaires visent en tout 936 prêtres, religieux ou bénévoles laïcs. Mais seulement 177 poursuites ont été engagées, ayant abouti à 133 condamnations. Mais ces chiffres pourraient être largement en deçà des réalités que vivent les enfants.
En 2022, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE) envers les enfants avait alors renouvelé le « regret de l’Église » concernant ses fautes passées. Elle avait également pris l’engagement de faire à l’avenir de « l’Église un lieu sûr » pour les « enfants et les personnes vulnérables ». Dans la foulée, les archevêques Justin Welby et Stephen Cottrell, avaient publié une lettre conjointe pour présenter leurs « excuses les plus sincères ».