Financement libyen : Nicolas Sarkozy tente une dernière fois d’échapper à un procès

Nicolas Sarkozy

À quatre mois de son procès portant sur des soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy a tenté une dernière fois d’échapper à un procès. Ses avocats ont demandé ce jeudi un supplément d’information dans le dossier. Ils affirment avoir découvert des documents qui pourraient dédouaner leur client et veulent que les magistrats les étudient.

Nicolas Sarkozy pourra-t-il échapper à un procès ? Ses avocats ont demandé ce jeudi, lors d’une audience de fixation, un supplément d’information dans le dossier dit du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Ils affirment avoir découvert des documents qui pourraient dédouaner leur client et veulent que les magistrats les étudient.

Des documents découverts dans une procédure judiciaire parallèle

Dans les seize pages de conclusions consultées par des médias comme BFMTV, les avocats de l’ancien président de la République française disent avoir découvert de précieux documents « dans une procédure judiciaire parallèle ». Celle-ci concerne la rétractation du sulfureux homme d’affaires Zyad Takkiedine. Ce Franco-Libanais, toujours en fuite au Liban, avait dit être victime d’une tentative de subornation. Mais il a temporairement retiré, à la fin de 2020, ses accusations contre Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy face à plusieurs chefs d’accusation

Mis en examen pour « financement illégale de campagne électorale », « recel de détournement de fonds publics », « corruption passive » et « association de malfaiteurs », l’ancien chef d’Etat doit être jugé à partir du 6 janvier 2025, avec douze autres personnes. Parmi lesquels les hommes d’affaires Ziad Takieddine, possiblement le grand absent de l’audience de janvier, et le Franco-Algérien Alexandre Djouhri. Tous deux sont soupçonnés d’avoir servi d’intermédiaires.

Claude Guéant croit qu’on ne peut rien lui reprocher

Certains des inculpés sont renvoyés devant le tribunal correctionnel. Il s’agit notamment de l’ancien secrétaire général de l’Elysée et ministre de l’intérieur Claude Guéant, de l’ex-ministre de l’intérieur Brice Hortefeux et de l’ancien ministre du budget Eric Woerth. Claude Guéant, en particulier, pense qu’on ne peut rien lui reprocher car il n’y aurait aucun lien entre l’argent reçu après la campagne (30 000 euros) et les 50 millions d’euros de Mouammar Kadhafi.

« Je n’ai pas détourné un centime », jure Nicolas Sarkozy

Comme le refrain d’une chanson inlassablement repris, Nicolas Sarkozy répond en cœur qu’il n’a rien à se reprocher. « Je n’ai pas détourné un centime », jure l’ex président. Il a toujours plaidé la thèse du « complot », selon laquelle on voudrait le punir d’avoir conduit la coalition contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011. L’ancien chef d’Etat, également cité dans l’affaire Bygmalion, a multiplié les recours contre sa mise en cause dans cette affaire qui lui a valu une première mise en examen en mars 2018.

Une absence de volonté politique a nui à l’enquête

La justice française en a cure des agitations de M. Sarkozy. Elle lui répond qu’il avait parfaitement connaissance du caractère illégal des transactions qu’on lui reproche. Si les juges reconnaissent l’absence d’évidence dans les dossiers économiques et financiers étudiés, ils relèvent toutefois l’existence d’un pacte de corruption entre l’ancien président et Mouammar Kadhafi aux fins de financement de son élection. Des magistrates ont aussi dénoncé les obstacles politiques en France, entravant la transparence sur cette affaire tentaculaire, confiée à l’office anticorruption et qui dure depuis plus de dix ans.

La stratégie de défense jugée « extrêmement hasardeuse »

Me Vincent Brengarth, l’avocat de l’association anti-corruption Sherpa, dit ne pas partager l’interprétation de la défense au sujet de ces nouveaux documents. Il s’interroge sur la stratégie mise en place par la défense, jugée « extrêmement hasardeuse, voire surréaliste ». Les avocats de Nicolas Sarkozy, eux, croient en leur approche. Ils réclament la déclassification et l’ajout des nouvelles pièces, issues notamment de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), au dossier actuel. Celui-ci a un en lien avec un document de Mediapart, qu’ils considèrent comme « un faux ».

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