Après cinq mois passés en Dordogne, pour une rénovation complète, la statue de bronze de Sampiero Corso a retrouvé sa place au cœur du village de Bastelica, le mardi 17 septembre. Son retour au bercail sera officiellement célébré le dimanche prochain, lors de la fête patronale de la Saint-Michel.
La statue de bronze de Sampiero Corso a retrouvé son piédestal au cœur du village de Bastelica, le mardi 17 septembre. Elle revient de Périgueux, en Dordogne, où elle a bénéficié de cinq mois de rénovation ayant coûté plus de 160 000 euros à la Collectivité de Corse et à l’État.
Sampiero Corso s’est refait une beauté dans les ateliers de Socra
Les travaux ont été confiés aux ateliers de Socra, entreprise spécialisée dans la conservation et la restauration d’œuvres d’art et de monuments historiques. Les artisans de Socra ont dû retirer toute la boulonnerie en acier qui était complètement corrodée, pour la remplacer par de l’acier inoxydable. Ils ont également changé le système d’assemblage de l’un de ses bras, celui qui tend l’épée. Cette pièce était sur le point de tomber quand la statue a effectué son voyage en Dordogne en avril dernier.
Une sculpture de 1,8 tonne et fait 3 mètres 50 de haut
Un spécialiste de la restauration d’œuvre d’art s’est en outre chargé de patiner l’ensemble, par microgommage à basse pression afin de précipiter l’oxydation du bronze et obtenir une couleur vert clair à la place du vert de gris apparu avec le temps. Enfin, les artisans de Socra ont reposé les trois bas-reliefs qui représentent trois épisodes de la vie du guerrier corse (le siège de Perpignan, la bataille de Tenda et son assassinat). La sculpture pèse 1,8 tonne et fait 3 mètres 50 de haut. Elle a été taillée par le français Gabriel Vital-Dubray en 1883 et inaugurée en 1890.
Le héros insulaire a sa vie aux services de la France
Les restaurateurs ont réinstallé l’œuvre sur son socle au cœur de Bastelica sous les regards admiratifs des habitants et les cris des enfants. Et il y a de quoi pour un personnage qui incarne à lui seul la résilience et la combativité corse. En effet, Sampiero de Bastelica est un héros pour la Corse, longtemps convoitée par plusieurs pays. Mais le mercenaire insulaire a choisi de se mettre aux services de la France et de libérer son île natale du joug de Gènes.
Sampiero Corso capture la Corse pour la France
Sampiero Corso, en corse Samperu Corsu, ou Sampieru de Bastelica, voit le jour le 23 mai 1498 à Bastelica et meurt le 17 janvier 1567 aux environs d’Eccica-Suarella. Ce chef rebelle a servi différents souverains italiens avant de se mettre au service des rois de France. A ces derniers, il a livré la Corse en 1553, après l’avoir capturée aux mains des Génois. La France restituera l’île six ans plus tard. Mais elle finira par lui revenir.
Le mercenaire tentera à nouveau de reprendre sa terre natale
En effet, l’Hexagone a remis la Corse à la République de Gènes en 1559, à la suite de sa défaite de Saint-Quentin et la signature du traité du Cateau-Cambrésis. Il devait y renoncer pour conserver Calais, Metz, Verdun et Toul. Sampiero Corso, lui, tentera à nouveau de reprendre sa terre natale. Il échouera, faute d’appui réel de la France. Aussi, la population se lassait de la guerre et les grandes familles ont fait défection pour se rallier à Gênes.
Sampiero Corso trahi par son capitaine Vittolo
La riche famille d’Ornano, celle de sa femme qu’il tua de ses propres mains pour trahison, a mis sa tête à prix, offrant deux mille ducats d’or à qui la ramènerait en plus des quatre mille promis par Gênes. Le 17 janvier 1567, alors qu’il a 68 ans, son capitaine, Vittolo, l’a attiré dans une embuscade pour le faire tuer par ses ennemis, dont les trois cousins revanchards de sa femme. Les Génois exposeront sa tête à Ajaccio.
Une figure centrale de Corse avec Napoléon Ier et Pascal Paoli
La vie tragique et légendaire de Sampieru de Bastelica a fait l’objet d’un opéra et d’une comédie musicale. Le célèbre écrivain Williams Shakespeare se serait également inspiré de son histoire pour écrire Othello. Sampiero Corso fait partie, avec Napoléon Ier et Pascal Paoli, des Corses les plus célèbres au monde. Il est actuellement considéré par les nationalistes et séparatistes corses comme un modèle, en tant que combattant contre la domination génoise sur l’île (aujourd’hui transformée en « domination » française).