L’ancien patron des Républicains ne ménage aucun effort pour défendre Jordan Bardella, son nouvel allié, y compris en jetant la réalité complètement aux orties.
C’est une séquence illustrative de « la réalité alternative » en vogue à cette époque. Elle se déroule le mardi 29 octobre dernier sur le plateau de « C à vous », émission d’actualité quotidienne diffusée par France 5. Au cœur de l’échange, deux protagonistes en l’occurrence Eric Ciotti et le journaliste-chroniqueur Patrick Cohen.
Le sujet de discussion ? La polémique née du refus de Mediatransports, l’entreprise chargée des panneaux d’affichage publicitaires dans les gares SNCF entre autres, d’afficher le nouveau livre, « Ce que je cherche », du président du Rassemblement (RN) Jordan Bardella, en respect de ses textes.
Ceux-ci l’enjoignent en effet, selon une source consultée par le journal Le Monde, « à veiller à un principe de neutralité politique et religieuse, en raison de ses missions de service public ».
L’art de tordre la réalité
« Un acte de censure inadmissible », selon l’auteur, qui n’exclut pas d’engager des recours par voies légales. Il s’agit selon les mots du député des Alpes-Maritimes d’une « vaste blague », qui indique qu’un autre acteur politique n’aurait pas été traité de la sorte.
Il cite d’ailleurs nommément Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France Insoumise, pour la circonstance. L’ancien patron de la droite y voit une preuve de « la domination des syndicats d’extrême gauche qui ont contraint à cette censure ».
Une accusation grave, lancée sans l’ombre d’une preuve, mais servie avec l’assurance qui caractérise les interventions du président de l’Union des droites. Tout en ignorant son contradicteur, Ciotti n’hésite pas à brandir le spectre de « l’autodafé », une référence historique particulièrement chargée qui fait bondir Patrick Cohen.
Le fact-checking en direct qui dérape
Le journaliste, connu pour son souci de la précision, tente alors de ramener le débat sur le terrain des faits. « C’est interdit dans les conditions générales de vente de Mediatransports », explique ce dernier, visiblement interloqué par la persistance de son vis-à-vis à construire une indignation politique sur des bases factuellement contestables.
C’est un argument pour ne pas assumer un choix politique que je conteste », reprend à nouveau le député. Face à son obstination à maintenir sa version des faits malgré l’évidence contraire, Cohen finit par lâcher un « Vous comprenez le français ? » en référence à l’article 8 des conditions générales de vente évoquées plus haut.
La séquence devenue virale sur les réseaux sociaux traduit le désir de susciter la controverse politique autour d’une décision administrative. Jordan Bardella dont le livre sort en librairie à partir du 9 novembre en aurait certainement besoin.