Près de dix jours après le drame qui a balayé l’archipel, le bilan humain reste à déterminer.
Combien de morts le cyclone Chido a-t-il fait à Mayotte ? La question est sur toutes lèvres, alors que les secours s’organisent plus d’une semaine après la catastrophe du 14 décembre dernier dans le territoire ultramarin.
Et presque tout le monde sur place semble avoir sa propre idée, sans vraiment détenir la réponse en fin de compte. En effet, le bilan officiel – et sans doute provisoire – évoque 35 morts à la date du 20 décembre, mais le président Emmanuel Macron en visite sur les lieux la semaine écoulée, a estimé vraisemblable d’avoir plus de victimes.
Entre-temps, la rumeur s’amplifie, allant de quelques milliers évoqués par le préfet François-Xavier Bieuville au lendemain du drame, aux 60 000 morts communiqués par un journaliste de la chaîne d’outre-mer Réunion la 1re, jeudi 19 décembre, citant notamment « des secouristes » déployés sur le terrain.
« Des estimations qui circulent », selon Elyas Akhoun, délégué numérique Réunion du média, interrogé par Checknews, la branche de fact-checking du quotidien Libération. La chaîne qui a depuis supprimé le reportage afférant à ce chiffre, indique qu’il ne s’agit pas d’un bilan officiel.
Une arithmétique funèbre aux multiples inconnues
Le contraste dressé par le journal américain est saisissant : peu de scènes de deuil collectif et pas de files d’attente devant la morgue pour espérer récupérer un corps. Plus significatif, rares sont ceux qui témoignent avoir perdu un proche, d’après le NYT.
Le quotidien new-yorkais évoque par ailleurs un retour progressif à la vie normale de la part des populations, entre reconstructions des habitations et autres activités de nettoyage des sols encore très marqués par ce cyclone d’une ampleur jamais vue à Mayotte depuis 90 ans, à en croire divers spécialistes.
Les défis d’un recensement impossible
Selon le New York Times, certaines réalités du terrain compliquent considérablement l’établissement d’un bilan précis. Parmi ceux-ci figurent les migrants sans papiers, nombreux dans les bidonvilles, qui évitent tout contact avec les autorités par crainte d’une expulsion.
Les traditions musulmanes, qui préconisent l’inhumation dans les 24 heures suivant le décès, pourraient avoir également conduit à des enterrements non déclarés. Même si le responsable des funérailles de la mosquée de Kaweni située au cœur la capitale Mamoudzou, réfute catégoriquement cette hypothèse, affirmant n’avoir organisé que quatre cérémonies depuis la catastrophe.
La géographie même de l’île complexifie les opérations de recensement, avec des villages entiers toujours isolés et inaccessibles aux équipes de secours. À cet effet, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, reconnaît que les moyens manquent pour fouiller systématiquement les décombres. Pendant ce temps, les réunions de crise se multiplient à Paris, la métropole, pour aborder la situation.