Le dispositif d’accès aux offres culturelles destiné aux jeunes est accusé de blacklister les médias de droite. Mais la réalité est toute autre.
Le Pass Culture ferait-il l’impasse sur les médias dont la ligne éditoriale est orientée à droite ou à l’extrême droite ? Certains en sont convaincus pour la simple raison qu’aucun média de ces tendances ne figure actuellement parmi les offres « médias et presse » proposées par la plateforme.
Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un dispositif d’incitation des jeunes de 15 à 18 ans à la Culture à travers la mise à leur disposition d’un « crédit » pouvant atteindre 300 euros sur une période de 24 mois. Lequel permet l’accès à un éventail d’activités culturelles.
Celles-ci vont du cinéma au théâtre, en passant par les cours de musique, les comédies musicales ou encore l’abonnement à prix réduit à des sites d’information. Au nombre de ceux-ci figurent, des journaux aussi connus que Le Monde, Libération, Mediapart, comme l’indique Frontières, le média d’extrême droite.
« Uniquement une presse nationale de gauche ou d’extrême gauche », pointe le site d’information, le 17 janvier dernier sur son compte X, dans la foulée de la polémique née de l’absence du Puy du Fou, le parc situé en Vendée, sur le Pass.
Une situation à nuancer
Toutefois, cela ne tient pas d’un parti pris idéologique, comme tentent de le faire croire les auteurs de la polémique. D’autant que le ministère de la Culture dont une des structures gère le dispositif, exclut tout filtre politique dans le positionnement des offres sur la plateforme.
La seule condition requise est de figurer dans la liste des publications CPPAP (commission paritaire des publications et agences de presse) sous certaines classifications spécifiques. L’absence de médias clairement positionnés à droite s’explique davantage par des considérations pratiques et économiques, d’après les investigations de Checknews.
Un modèle économique à repenser
L’exemple du Figaro est particulièrement révélateur. Absent jusqu’ici pour n’avoir jamais effectué de demande à cet effet, le titre de droite vient de sacrifier à cette exigence. De même, des médias comme Valeurs Actuelles ou Frontières, pourtant éligibles, reconnaissent n’avoir jamais sollicité leur référencement.
En effet, le modèle économique du Pass Culture constitue un frein pour de nombreux éditeurs. Comme l’indique Checknews, les médias ne perçoivent pas directement les revenus des abonnements souscrits via la plateforme.
Ils obtiennent uniquement les contacts des lecteurs, qu’ils peuvent ensuite tenter de fidéliser. Cette absence de rentabilité immédiate explique notamment le désengagement de certains titres à l’instar du Point, qui avait initialement rejoint le dispositif avant de s’en retirer face à des « résultats mitigés ».