France : le grand n’importe quoi autour de la sexualité chez les jeunes

Les jeunes se retrouvent de plus en plus enfermés dans une bulle de fausses croyances sur la sexualité, propagées par leur environnement numérique et social. Une situation qui compromet les fondements mêmes de l’éducation sexuelle.

Les cours d’éducation sexuelle à l’école intitulés officiellement « programme scolaire sur l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle », consisteraient à inculquer aux apprenants « comment aimer la sodo » ou à « accepter le plaisir avec des adultes consentants ».

C’est la conviction de la mère d’une adolescente scolarisée au collège des Fontanilles à Castelnaudary et qui en a fait part, vendredi 7 février dernier dans un message publié sur Facebook. Au grand dam des responsables de l’établissement.

L’anecdote – est-ce vraiment une ? – rapportée quatre jours plus tard par le site d’information L’Indépendant, illustre l’ampleur des fausses informations qui prolifèrent autour de la sexualité chez les jeunes en France. Un phénomène qui emprisonne même les adultes, et laisse de fait, la jeunesse démunie sur un sujet aussi crucial.

Une jeunesse en quête de repères

À l’origine de cette situation, toute une conjonction de faits, d’après un constat récemment dressé par Le Monde. Soit une défaillance de l’éducation sexuelle institutionnelle, le silence persistant des parents, et l’omniprésence des plateformes numériques dans la vie des adolescents.

Alors que 61% des 12-25 ans considèrent, dans une enquête du Planning familial de 2018 évoquée par Le Monde, que l’éducation sexuelle devrait prioritairement venir des parents, seuls 56% d’entre eux parviennent à engager ce dialogue.

Un malaise familial que l’Éducation nationale peine à compenser. Ainsi, 67% des jeunes déclarent n’avoir jamais bénéficié des trois séances annuelles d’éducation à la sexualité, pourtant obligatoires depuis 2001, à en croire des données révélées par l’IFOP en 2023.

Face à ce double échec – institutionnel et familial –, Internet s’impose comme le moyen d’étancher la soif de curiosité chez les ados. Problème : on y trouve de tout, du vrai à  l’invraisemblable sans oublier le faux.

Pour une synergie d’actions

À l’instar de cette fausse croyance tenace sur l’existence d’un prétendu « gland de lait » qui tomberait naturellement à la puberté. Une fake news devenue virale qui aurait pu conduire à l’automutilation d’un jeune, d’après le récit rapporté par le quotidien du soir.

« En matière d’intimité, nos ados tâtonnent dans une errance informationnelle qui conduit à de fausses croyances », déplore Gwen Ecalle, sexologue interrogée par Le Monde, alors que des mythes tenaces circulent : l’hymen qui se déchirerait nécessairement lors du premier rapport, le préservatif qui pourrait être réutilisé une fois lavé, ou encore la rupture du frein comme « passage obligé » de l’initiation sexuelle.

Une marée d’intox et de théories complotistes préjudiciables, voire dangereuses, pour toute une génération. Pour prémunir cette situation, les professionnels de l’éducation suggèrent dans les colonnes du Monde, d’intégrer l’éducation sexuelle dans l’ensemble des disciplines.

Cela pourrait consister à analyser l’objectivation des femmes en cours de cinéma, étudier le consentement à travers Les Liaisons dangereuses en français, ou encore à déconstruire les stéréotypes de genre en histoire des sciences.

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