L’inclinaison russe de la politique américaine dans le conflit ukrainien fait émerger des allégations selon lesquelles Donald Trump serait un agent du KGB.
« Trump joue très clairement le jeu de Poutine ». À l’instar du général Michel Yakovleff, ils sont nombreux ces derniers temps, à voir une convergence d’intérêts entre le président américain et son homologue russe. Il faut dire que le successeur de Joe Biden ne cache pas son admiration pour l’homme fort du Kremlin.
Il a ainsi accusé Volodymyr Zelensky, le « dictateur » chef de l’État ukrainien, d’avoir « commencé la guerre » contre la Russie ou encore d’entretenir une « haine » contre Poutine.
« Qu’il soit tenu personnellement je ne sais pas, mais il est convaincu, stockholmisé. Ils ont recruté Trump sur son ego », affirme l’ancien vice-chef d’État-major du SHAPE, quartier général des forces de l’OTAN en Europe, au sujet de Trump et des Russes, dans les colonnes de Public Sénat.
« S’il n’est pas agent retourné au sens juridique du terme et que c’est juste un convaincu, il est ce que Lénine appelait les idiots utiles. Même s’il agit comme ça par conviction personnelle, le Kremlin dirige Washington aujourd’hui », cingle encore l’officier de l’Armée de terre française, faisant référence au nom de code que certaines rumeurs attribuent au dirigeant républicain en tant qu’agent de Moscou.
Une accusation à forte résonance
À ce propos, Alnour Moussaïev, un ancien cadre kazak du KGB pendant l’ère soviétique indique dans une publication relayée sur Facebook le 20 février dernier, que Donald Trump aurait été recruté en 1987. Celui qui n’était alors qu’un homme d’affaires de 40 ans aurait été surnommé « Krasnov ».
De quoi faire les choux gras de plusieurs médias et comptes ukrainiens, à l’heure où la Maison Blanche presse Kiev d’accepter un accord de paix avec Moscou, y compris sans la moindre garantie de son respect. Pour autant, peut-on valablement affirmer comme le soutient Moussaïev, que Trump travaille pour le renseignement russe ?
Les experts consultés par la branche de vérification des faits de Franceinfo donnent peu de crédit à cette thèse. Ils considèrent cependant plausible que les services soviétiques aient tenté de l’approcher pour en faire une personne susceptible de favoriser les intérêts de Moscou.
Un contact confidentiel ?
C’est ce que les spécialistes appellent un « contact confidentiel ». « Ceux-ci doivent être établis parmi les personnalités éminentes de la politique et de la société, susceptibles d’influencer activement la politique en faveur de l’URSS« , détaille Regis Genté, dans son livre « Notre homme à Washington : Trump dans la main des Russes« , sur les attentes envers ces personnes.
Le voyage de Trump à Moscou en juillet 1987 représente un élément central dans cette affaire. Organisé par « Ghost Coming Tourist », une agence de tourisme soviétique réputée être une façade du KGB, ce séjour avait officiellement pour but de discuter de la construction d’un hôtel dans la capitale soviétique.
« Quand je discute avec des gens du renseignement américain qui ont suivi cette affaire, ils disent tous que c’est manifestement une opération montée par le KGB, peut-être justement pour en faire un contact confidentiel« , explique Regis Genté à Franceinfo.