La perspective d’une suspension des tarifs douaniers américains a brièvement redonné de l’optimisme aux marchés financiers lundi. Lesquels sont cependant très rapidement retombés dans le rouge après l’effondrement de la rumeur.
La Bourse peut s’avérer être un yo-yo continuel, mais les fluctuations du lundi 7 avril ont retourné plus d’un estomac et renseigné sur le niveau de désespérance des acteurs financiers mondiaux face à l’incertitude née de la gouvernance américaine sous Donald Trump.
Tout est parti d’une rumeur selon laquelle celui-ci envisagerait une suspension de 90 jours des tarifs douaniers – sauf ceux de la Chine – infligés au reste de la planète le 3 avril dernier, provoquant la stupeur mondiale.
La journée qui avait débuté – comme d’habitude depuis l’instauration des taxes – sous de mauvais auspices avec un Dow Jones dans le rouge, à moins 1300 points, a tout de suite repris du poil de la bête, regagnant plus de 800 points.
Les investisseurs, soulagés par cette perspective d’apaisement attendue de tous excepté Trump et ses affidés, se sont précipités pour acheter des actions à des prix alors jugés désormais attractifs.
Une méprise qui fait très rapidement pschit
Après tout, l’idée de cette pause émanerait, selon de nombreux personnages influents sur les réseaux sociaux, d’un conseiller économique de la Maison Blanche, en l’occurrence Kevin Hassett. Par ailleurs, son évocation par une chaîne de télévision comme CNBC ainsi que par l’agence de presse Reuters lui a conféré une certaine crédibilité.
Sauf que l’idée a été fondée sur un faux postulat de départ. À savoir une interview accordée plus tôt à Fox News par Kevin Hassett. Mais si ce dernier était bien apparu sur la chaîne conservatrice ce matin-là pour parler des nouveaux taxes, il n’a jamais été question d’une pause.
« Je pense que le président va décider ce qu’il va décider… Même si l’on doit s’attendre à certains effets négatifs du côté commercial, cela représente toujours une petite part du PIB », avait notamment répondu le conseiller présidentiel à la question sur une telle éventualité.
Les conséquences d’une économie à fleur de peau
La Maison Blanche a finalement démenti cette allégation sur X, et l’un des comptes de l’administration a repartagé l’interview de Hassett sur Fox News pour clarifier qu’aucune pause n’avait été suggérée. De quoi susciter des excuses de la part de Reuters, qui a déclaré s’être fondé sur CNBC. Celle-ci avait toutefois pris la peine de préciser l’origine incertaine de « l’information ».
Cette clarification a très rapidement fait partir en fumée tous les gains accumulés. En fin de journée, le Dow Jones oscillait autour de son point d’équilibre, accusant une légère baisse d’environ 50 points, bien loin des extrêmes touchés plus tôt.
Dans un contexte économique des plus tendus par les politiques tarifaires de l’administration Trump, cette volatilité extrême démontre à quel point les investisseurs sont à l’affût du moindre signe de changement politique qui pourrait affecter leurs intérêts.